Les risques d'implosion, mis en avant par les partisans de la neutralité, sont démentis par la Centrale. Finalement, le suspense relatif à la décision de l'Ugta aura duré le temps que les deals et tractations au sommet soient finalisés, puis consommés. Le secrétariat national de ce puissant syndicat, qui revendique la bagatelle de quatre millions de travailleurs, s'est réuni hier matin en vue de mettre la touche finale aux préparatifs liés à la tenue de la réunion de la CEN (Commission exécutive nationale) ce mercredi à la mutuelle des travailleurs des travaux publics de Zéralda. Des sources proches de la Centrale indiquent que l'ordre du jour a également consisté à préparer le rapport d'activité du secrétariat national, mais aussi le plan d'action pour cette année 2004. La part du lion, est-il besoin de le préciser, est allée à la présidentielle 2004 puisqu'il est aujourd'hui certain que le Conseil constitutionnel aura rendu son «verdict» avant que ne se tienne la CEN, ce qui donne toute latitude à l'Ugta d'annoncer son soutien à Bouteflika sans que son patron, Sidi-Saïd, ne se déjuge puisque dans un entretien, accordé à notre journal, il avait annoncé qu'aucune position ne sera prise avant que les candidats officiellement retenus par la commission que préside Mohamed Bédjaoui ne soient connus. Les mêmes sources indiquent ainsi que «la tendance lourde, quasi acquise, est favorable au soutien à un second mandat du président Bouteflika». Même si le côté partisan joue un rôle déterminant dans cette affaire, puisque le RND est majoritaire aussi bien au niveau du secrétariat national que de la CEN, la décision tire également ses motivations des «nombreux acquis sociaux décrochés sous le premier mandat de Bouteflika avec la probabilité d'arriver à un Snmg de 1500 DA avant l'expiration du mandat de l'actuelle direction de la Centrale, en 2006». Ce n'est pas tout. Nos sources ajoutent que «les risques et menaces d'éclatement de la Centrale brandis aussi bien par des syndicalistes que par des partis politiques, sont pour le moins infondés». L'on apprend ainsi en exclusivité qu'«une sorte de sondage a été opérée auprès des fédérations, unions locales et syndicats d'entreprises pour confirmer que ces risques sont absolument inexistants». Dans la même veine, et pour contredire la pétition appelant à la neutralité de l'Ugta signée par des centaines de cadres représentant 25 wilayas du pays, on apprend que le sondage, qui a concerné les 48 districts du pays, a abouti à la même conclusion citée ci-dessus. On nous indique même dans la foulée, que Mohamed Lakhdar Badreddine, député connu pour être très proche de Benflis, également membre du secrétariat national et responsable de la puissante fédération des pétroliers, aurait déclaré, lors de la réunion d'hier, vouloir se plier à la décision qui sera prise de manière démocratique et majoritaire. Pour sage qu'elle soit, cette annonce est d'autant plus étonnante que Badreddine fait même partie des premiers signataires de la pétition exigeant le départ immédiat et sans conditions du président Bouteflika. Les partisans de Bouteflika, au sein de l'Ugta, semblent tellement sûrs d'eux qu'ils prennent désormais leur temps avant de négocier cette dernière ligne droite en demandant, apprend-on, «à ce qu'aucune précipitation ne soit commise afin de ne pas fausser l'effet d'annonce, de ménager les susceptibilités et de laisser les membres de la CEN, au nombre de 181, se prononcer en toute liberté et dans une totale transparence» puisque la rencontre, selon les nouvelles traditions instaurées par Abdelmadjid Sidi-Saïd, sera ouverte à la presse de bout en bout. Les analystes, qui s'accordent à dire que l'appel de la Cen ne sera d'aucun effet sur le vote libre et secret des millions de travailleurs que compte le pays, ajoutent que la Centrale aura fort à faire pour expliquer cet éventuel soutien alors qu'il signifierait la remise sur les rails de deux projets qu'elle rejette catégoriquement, à savoir la loi sur les hydrocarbure et la réconciliation nationale. Pour rappel, deux appels à la neutralité de l'Ugta ont été lancés, l'un par quatre anciens secrétaires généraux de ce syndicat, l'autre par des centaines de cadres. Les deux documents ont pour point commun de mettre en exergue le risque d'éclatement de l'Ugta et, partant, celui de l'Etat, en cas de soutien à un quelconque candidat alors que les conditions politiques et sécuritaires ont fondamentalement changé depuis les présidentielles de 1995 et 1999. Seule donne restée inchangée, aux yeux de la cohorte de soutiens à Bouteflika, ce dernier serait toujours pour eux le...«moins mauvais des candidats».