Sidi Saïd, indiquent des sources, ne peut que se plier à une majorité composée de cadres du RND et du mouvement de redressement du FLN. Si l'on en croit des sources proches de l'Ugta, celle-ci vit une large offensive menée par les cadres du RND et du mouvement de redressement du FLN, majoritaires au sein de la direction de la Centrale. C'est cet état de fait, poursuivent les mêmes sources, qui a poussé Sidi Saïd à reporter la date de la tenue de la réunion de la CEN (Commission exécutive nationale), initialement prévue pour ce mois de décembre. Les mêmes raisons, en outre, expliquent pourquoi le locataire de la Maison du peuple a été amené à rappeler à l'ordre ses troupes lors de la rencontre de l'état-major, la semaine passée. Dans l'entretien exclusif qu'il nous avait consacré, la veille de la tripartite, le secrétaire général de l'Ugta avait annoncé que «la Centrale aura à se pencher de manière informelle sur le sujet de la présidentielle lors de sa future CEN». En attendant celle-ci, avait-il encore précisé, «toute déclaration faite entraînerait des sanctions contre ses auteurs». Il a annoncé dans le même temps qu' «une seconde rencontre de la CEN aurait lieu plus tard, une fois les programmes et les candidatures connus, afin de décider officiellement du soutien à apporter». Si Abdelmadjid Sidi-Saïd a été amené à rappeler à l'ordre ses troupes, menaçant même de mettre en application ses menaces, c'est que les choses sont allées beaucoup trop loin puisque bien peu de journalistes, d'observateurs et de citoyens font la distinction entre la qualité de cadre de l'Ugta et celle d'un cadre d'un quelconque parti politique en entendant de nombreux politiques annoncer leur soutien au président Bouteflika. Il semble, apprend-on de sources concordantes, que la fameuse seconde réunion n'aura même pas lieu. En effet, d'ici à ce que la CEN tienne sa rencontre pas mal d'eau aura coulé sous les ponts alors que la plupart des candidatures avec leurs programmes auront été rendues publiques. Sidi Saïd aura en outre fort à faire à maintenir la cohésion des rangs sans aller jusqu'à multiplier les rencontres avec les risques de clash pouvant en résulter. La Centrale, qui ne perd pas de vue ses nombreux rôles stratégiques, continue de revendiquer quatre millions entre adhérents et sympathisants. Sur le plan syndical, l'Ugta n'hésite pas à mettre en relief son rôle primordial joué dans le cadre des hausses dans les salaires, y compris celles des enseignants, mais aussi l'arrêt des nombreuses mesures antisociales prises par des ministres réputés proches du président. C'est précisément sur ce chapitre que les débats risquent d'achopper le plus puisqu'il a fallu toute la «force de persuasion» de la Centrale, ponctuée par une grève nationale de deux jours, pour que Bouteflika renonce à ses projets qui ne visaient rien moins qu'à démanteler le peu qui restait du tissu industriel algérien. Le dépit des syndicalistes en était d'autant plus grand, soulignent nos sources, qu'une discrète rencontre avait eu lieu en 1999 entre les dirigeants de l'Ugta et l'ex-candidat Bouteflika. Une rencontre durant laquelle l'actuel président avait tenu un discours pour le moins rassurant, avant que la Centrale, durant une mémorable CEN, ne décide de lui apporter son soutien. Les choses ont évolué depuis, même si le prochain choix, qui ne fait de doute pour aucun observateur averti, concernera tout simplement «le moins mauvais des candidats». Dans le même temps, et contrairement à ce qu'ont affirmé des médias, il ne sera nullement question de renouveler les instances de l'Ugta durant les quatre mois à venir. Des sources proches de la Centrale, qui démentent les propos attribués en ce sens à Sidi Saïd, affirment au contraire que ce serait du suicide que de vouloir aller vers des congrès de fédérations et d'unions de wilaya dans un climat pareil, dans lequel s'affrontent à couteaux tirés différentes tendances, faisant toutes partie de l'ex-syndicat unique. Pour revenir à l'entretien que nous avait accordé Sidi Saïd, ce dernier y indiquait qu'une fois la décision prise par la majorité, quelle qu'elle soit, la minorité n'aura qu'à s'y plier. Il semble, à ce propos, que les militants fidèles à Benflis soient dans ce cas puisqu'ils ne font guère le poids face aux cadres du RND occupant, nombreux, des postes clés au sein de la Centrale. Nos sources rappellent également que l'Ugta se trouve derrière la naissance du RND dont le président ne devait être que le défunt Abdelhak Benhamouda.