La lutte contre le terrorisme international et la définition du terme “terrorisme” ont été les principaux thèmes développés, hier, à la salle de l'INH de Boumerdès au cours d'un séminaire organisé par la faculté de droit et des sciences commerciales de l'Université de Boumerdès. Des juristes et professeurs de droit, venus de plusieurs universités du pays, se sont exprimés devant de nombreux étudiants sur la question du terrorisme qui continue à préoccuper tous les Etats de la planète. Mais c'est la question de la définition du terrorisme qui a occupé l'essentiel des débats. Selon le professeur Abdellah Benhamou, professeur de la faculté de droit de Tlemcen, il existe plusieurs définitions, mais il n'existe pas encore une définition universelle du terrorisme “la convention universelle et globale contre le terrorisme qui devait être votée récemment par l'ONU, à l'occasion de son 60e anniversaire, n'a pas réuni tout le consensus des Etats”, a-t-il ajouté avant de préciser qu'il existe en ce moment plus de 23 conventions sur la lutte contre le terrorisme international. M. Benhamou a également abordé les limites du droit dans la lutte contre le terrorisme comme il a soutenu qu'il n'existe pas de frontière entre terrorisme interne et terrorisme international. “On a tendance à utiliser la lutte contre le terrorisme suivant les intérêts de quelques puissances”, soutiendra un autre juriste avant d'ajouter que les actions menées dans le cadre de la lutte des peuples ne doivent en aucun cas être assimilées à des actes terroristes. Et c'est là qu'un autre professeur intervient pour s'interroger sur le fait qu'un Palestinien, qui se fait exploser dans un café, peut-il être considéré comme un terroriste. “Les Palestiniens, eux-mêmes, dénoncent ces actes qui diffèrent totalement des autres actions menées par les mêmes Palestiniens contre des objectifs militaires, et ceux-là ne doivent pas être considérés comme des actes terroristes”, ajoute M. Benhamou. M. Souileh Boudjemaâ, professeur de droit et membre du Conseil de la nation, considère que la lutte armée menée par des mouvements de libération nationale ne constitue pas une infraction aux différentes conventions sur le terrorisme et d'ajouter que “le terrorisme est tout acte de violence ou menace de violence quels que soient les causes et les buts pour mettre en œuvre un projet criminel individuel ou collectif, visant à semer la terreur parmi les populations ou mettant en péril leurs libertés ou leurs biens”. Quant à Mme Benferrag Farida, qui était beaucoup plus explicite sur la définition du terrorisme, elle a indiqué “peut-on confondre lutte armée pour l'indépendance et les actions terroristes commises contre les populations civiles par des personnes étrangères au pays sur lequel est commis l'acte”, s'est-elle interrogée en citant l'exemple de l'Irak et la Palestine. La conférencière a également indiqué que depuis les évènements du 11 septembre 2001 et l'adoption de la résolution 13 73, il a été relevé l'annulation de certains principes consacrés à la lutte des peuples pour leur autodétermination. “Les états-Unis mettent la pression sur le Conseil de sécurité pour l'adoption de résolutions qui conviennent à leurs intérêts et à leurs vues”, soutient-elle. Cette thèse est largement partagée par les autres conférenciers, mais aussi par de nombreux intervenants qui n'ont pas hésité à évoquer le terrorisme d'Etat pratiqué par l'Etat d'Israël contre le peuple palestinien. D'autres ont mis l'accent sur le rôle de certaines puissances à l'exemple des Etats-Unis qui veulent imposer leur propre définition du terrorisme alors qu'eux-mêmes sont versés dans des actes condamnés par la communauté internationale, aussi bien en Afghanistan, Guantanamo, Irak qu'ailleurs. M. T.