RESUME : Malgré la gêne de sa fille, Rabiha discute avec Hamid. Elle l'apprécie beaucoup et l'invite même à venir chez elle. Hamid est fou de joie et Mayssa est furieuse après sa mère. Elle a dépassé les limites… Rabiha ne tolère pas le ton sur lequel lui a parlé sa fille. Elle règle leurs consommations et la suit dehors. Sa fille marche d'un pas rapide mais elle la rattrape. Des gens se retournent à son passage quand elle l'accroche par le bras pour l'obliger à s'arrêter. - Qu'est-ce qui te prend ? l'interroge-t-elle. C'est quoi ces manières ? - Vois les tiennes avant de me juger, réplique Mayssa au bord de la crise de nerfs. Tu ne m'as jamais autant déçue. S'il avait tardé, tu l'aurais demandé en mariage, poursuit-elle. J'aurais préféré mourir. Jamais je n'ai eu autant honte. Tout cela par ta faute. La gifle qu'elle reçoit la laisse sans voix. Rabiha la prend par le bras pour la forcer à la suivre un peu plus loin afin de ne pas être entendues. - Ne t'avise plus à me parler ainsi, lui dit-elle. Je suis ta mère. Personne ne peut savoir ce qui est bon pour toi, à part moi ! Si je juge ce garçon digne de toi, tu le reverras parce que je le veux ! La jeune fille n'en revient pas. Elle n'aurait jamais imaginé que sa mère pouvait avoir des idées de ce genre. Après toutes ces années à la surveiller pour qu'elle n'ait pas d'ami, la voilà qui juge lequel sera digne d'elle. Mayssa a l'impression de faire un cauchemar. - Je n'ai pas encore fini mes études, trouve-t-elle comme réponse pour justifier son refus. Et je n'ai pas besoin de subir cette pression. J'ai besoin de me concentrer sur mes études. Plus tard, s'il a su être patient, je réfléchirais à la question. Après tout ce temps, tu sauras avec certitude s'il est digne de moi ou pas. Ou peut être même qu'à la fin de mes études, tu rencontreras pour moi le mari idéal ? Quelqu'un de mieux que Hamid, quelqu'un qui aura déjà un avenir tout tracé. - C'est bien pensé, dit sa mère. Mais je ne veux pas attendre la fin de tes études pour penser à ton mariage. Je t'ordonne de fréquenter ce garçon et de l'amener à la maison. - Que diront les gens ? Maman, toi qui n'avais que l'honneur à la bouche, pourquoi n'y penses-tu plus ? - Parce qu'il est question de ton avenir. Je te raccompagne à la cité et je rentre à la maison. Elles ne se disent plus un mot jusqu'aux portes de la cité de jeunes filles. Rabiha lui donne de l'argent de poche et après l'avoir serrée dans ses bras, comme pour effacer son geste brusque, elle l'embrasse sur le front. Jamais auparavant elle n'avait levé la main sur elle et elle regrettait de l'avoir fait. - Prends bien soin de toi, lui dit-elle avant de partir. Appelle-moi quand tu veux. - Rentre bien… - N'oublie pas ce que je t'ai demandé de faire, lui rappelle-t-elle. Il y va de ton avenir. Quand Mayssa rentre dans sa chambre, elle éclate en sanglots. Elle est encore sous le choc. Sa mère a osé l'humilier devant Hamid. Elle l'imagine raconter aux autres ce qui s'est passé. Durant le reste de la journée, elle reste au lit et quand ses camarades de chambre veulent l'entraîner dehors, elle prétexte une migraine. Samedi matin, elle ne se rend pas à ses cours. Elle ne veut pas voir Hamid. L'invitation de sa mère doit lui donner le sentiment d'être autorisé à la fréquenter. Il doit certainement s'imaginer qu'elle est à l'origine de l'invitation de sa mère. Lorsqu'elle se décide enfin à sortir de la cité de jeunes filles, elle n'est pas surprise de le voir. Il devait l'attendre. Elle en a la confirmation quand il se dirige vers elle. (À suivre) A. K.