Après les évènements douloureux du Printemps noir de 2001, puis l'empêchement des législatives de juin 2002, aussitôt suivies des “locales” controversées d'octobre 2002, cette année 2005 aura été marquée par le retour aux urnes en Kabylie. Assurément, c'est là un événement hautement important dans une région terriblement bouleversée par des zones de turbulences qui auront bloqué la scène politique tout comme les secteurs d'activité. L'un dans l'autre, le dialogue archs-gouvernement aura finalement débloqué la situation dans la mesure où le départ des “indus élus” de Kabylie exigé par les représentants du mouvement citoyen a fini par être avalisé — deux ans après le verdict controversé des “locales” d'octobre 2002 — par un pouvoir beaucoup plus enclin à lâcher du lest pour contribuer à l'apaisement d'une crise qui n'aura que trop duré et légitimer, par là même, la souveraineté populaire. Certes, le taux de participation à ces élections partielles n'aura pas été aussi conséquent qu'on l'espérait puisqu'il aura dépassé à peine les 30% à travers les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa (un peu plus de 12% dans l'importante commune de Tizi Ouzou), mais le déroulement normal du scrutin et l'option du libre choix clamé haut et fort par le mouvement des archs auront eu le grand mérite de sceller à nouveau la légitimité populaire et d'assurer le retour de la vie politique dans une région frondeuse et ouverte à toutes les supputations. Dès lors, les deux partis traditionnellement implantés en Kabylie, le FFS et le RCD, se mirent aussitôt de la partie même s'ils ne parvinrent pas à ratisser large comme d'habitude puisque, à titre d'exemple, le FFS n'aligna que 62 listes pour les 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou alors que le RCD n'a pu cibler que 47 communes à travers la même wilaya. Mais si la participation du FFS et du RCD — présents aussi pour la course à l'APW — découlait d'une logique tout à fait attendue, il faut bien admettre que le retour en force du FLN, le seul parti présent dans la bataille électorale des 67 communes que compte la wilaya, et la surprenante percée du RND qui a réussi à présenter 41 listes communales dans la même wilaya, auront quelque peu brouillé la carte géopolitique de la région, même si les partis d'opposition sont aussitôt montés au créneau pour suspecter l'administration locale de parti pris et d'allégeance aux partis pro-gouvernementaux. Qu'à cela ne tienne, car le verdict des urnes aura finalement confirmé la représentativité populaire du FFS et du RCD en Kabylie, sans pour autant reléguer totalement au second rang le FLN et le RND, voire même le Parti des travailleurs, lesquels ont fait valoir aussi leurs voix jusqu'à imposer des calculs et des stratégies d'alliance qui en disent long sur la nouvelle configuration politique dans la région. En fait, l'essentiel est que toutes les APC de Kabylie qui étaient gravement contrariées, ces dernières années, dans leur crédibilité et, surtout, leur fonctionnement peuvent désormais se targuer de légitimité populaire pour tenter de redresser une situation déjà chaotique et insuffler un sang nouveau aux collectivités locales dans la région. Certes, de nombreuses APC sont déjà minées par des “querelles de clocher” et une certaine guerre larvée entre partis politiques, mais il faudrait certainement saluer tous les efforts et les prémices d'alliance annoncés, ici et là, par de nombreux élus de divers horizons politiques, apparemment décidés à privilégier l'intérêt citoyen au détriment de l'obsession partisane. M. HOCINE