Après les gesticulations de son président ultraconservateur, Téhéran a assoupli sa position sur la question nucléaire en indiquant étudier la proposition de Moscou d'enrichir de l'uranium iranien en Russie, alors que jusqu'ici, des responsables iraniens l'avaient rejetée a priori. Un adjoint du secrétaire du Conseil de la sécurité nationale russe, Igor Ivanov, doit se rendre dans la capitale iranienne pour éclaircir la nouvelle proposition de Poutine. La nouvelle proposition russe peut être étudiée afin d'éclaircir ses aspects économique, technique et scientifique, devait-on confirmer auprès du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne. Les Etats-Unis ont accueilli avec circonspection cet assouplissement de la position iranienne. Il est difficile, aujourd'hui, de dire ce que cela signifie, a déclaré à la presse Adam Ereli, un porte-parole du département d'Etat. Washington rappelle que l'Iran s'est, à plusieurs reprises, jouée de la communauté internationale sur ce dossier. Après de longs mois de négociations avec la troïka européenne (Londres-Paris-Berlin), Téhéran avait claqué la porte et décidé d'enrichir lui-même son uranium tout en jurant ne pas chercher à fabriquer la bombe atomique. Paris a pris acte de la position de Téhéran exigeant de lui de prendre les décisions nécessaires à la relance d'un processus de négociation, conforme aux vœux de la communauté internationale. Le signe d'ouverture de Téhéran est, aux yeux de la communauté internationale, d'autant plus intéressant que c'est justement grâce à la Russie que les Iraniens ont atteint ce stade dans la maîtrise de la technologie nucléaire et que, de ce fait, les Russes peuvent apporter une contribution concrète à la résolution de ce problème. Jusqu'ici, les dirigeants iraniens rejetaient a priori la proposition russe, arguant qu'elle n'était pas formelle, et surtout que l'Iran tenait à son droit à l'enrichissement d'uranium sur son territoire. La proposition de Moscou est de créer sur le territoire de la Russie une entreprise conjointe russo-iranienne pour l'enrichissement de l'uranium. Jusqu'ici aussi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'arrêtait pas de marteler à l'intention des Occidentaux : “Soyez certains que nous ne reculerons pas d'un iota sur nos droits légitimes en matière nucléaire.” Enfin, la troïka européenne a, de son côté, renoué le dialogue avec l'Iran sur son programme nucléaire, le 21 décembre dernier, pressant Téhéran d'accepter la solution russe. Poutine entre de plain-pied dans le jeu des négociations avec Téhéran. D. B.