L'Iran a rejeté hier la proposition de Moscou de procéder en Russie aux opérations d'enrichissement d'uranium pour donner des garanties sur son programme nucléaire, affirmant accepter les seules propositions reconnaissant son droit de faire de l'enrichissement sur son sol. « Nous n'avons pas encore reçu de proposition concrète (...) mais il est clair que nous accueillons positivement (seulement) les propositions et les plans qui reconnaissent le droit de la République islamique à faire de l'enrichissement sur son propre sol », a déclaré M. Assefi lors de son point de presse hebdomadaire. « Si on reconnaît notre droit, nous l'acceptons, mais si on ne reconnaît pas notre droit nous refuserons » toute proposition, a ajouté M. Assefi, interrogé de nouveau pour savoir quelle sera l'attitude de l'Iran à propos de la proposition russe. Moscou a réitéré samedi sa proposition de procéder en Russie aux opérations d'enrichissement d'uranium iranien. La proposition de la Russie de créer « sur le territoire de la Russie une entreprise conjointe russo-iranienne pour l'enrichissement de l'uranium est toujours en vigueur », avait indiqué la diplomatie russe dans un communiqué. L'ambassade de Russie à Téhéran a remis samedi aux autorités iraniennes une note en ce sens, précisait le ministre russe des Affaires étrangères. « Cette proposition constitue l'apport de la Russie à la recherche d'une solution acceptable par tous dans le contexte de règlement de la situation (...) par des méthodes politiques et diplomatiques », ajoutait le ministre. Les Européens souhaitent que Téhéran accepte la proposition de Moscou que les opérations d'enrichissement d'uranium iranien soient réalisées en Russie, sans participation directe de techniciens iraniens. Ces dernières semaines, différents responsables iraniens avaient déjà rejeté l'idée de transférer leur programme d'enrichissement d'uranium en Russie. « Très certainement, l'enrichissement sera fait en Iran (...) Un pays n'investit pas dans l'enrichissement » pour y renoncer ensuite en transférant ces opérations, avait expliqué, début décembre, Ali Larijani, principal dirigeant iranien en charge du dossier nucléaire. Ce plan, présenté par les Russes et endossé par les Européens avec l'accord des Américains, offrirait aux Iraniens de mener en Russie les activités d'enrichissement d'uranium qui produisent le combustible pour les centrales civiles mais peuvent aussi fournir la charge explosive d'armes nucléaires. La partie préalable du cycle de production du combustible pour les futures centrales iraniennes (la conversion d'uranium) resterait ainsi en Iran. Téhéran a repris, en août dernier, ses activités de conversion d'uranium à l'usine d'Ispahan (centre) et refuse de les suspendre de nouveau malgré une résolution de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Mais la phase la plus sensible, l'enrichissement, se déroulerait en dehors du pays. Cela constitue pour une grande part de la communauté internationale la garantie la plus probante, après 18 années de dissimulation de la part de la République islamique, qu'elle ne fabriquera pas l'arme nucléaire. M. Assefi s'est également refusé à confirmer la date du 18 janvier évoquée pour la reprise des négociations entre l'Iran et la Troïka européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne). L'Iran et les Européens ont repris mercredi dernier leur dialogue au niveau des experts et ont convenu de se retrouver en janvier. « C'est une date parmi d'autres. Il y a également d'autres dates. Mais il est certain que le dialogue reprendra en janvier », a déclaré M. Assefi.