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Ghardaïa, carrefour des cultures
6e édition du marathon des dunes
Publié dans Liberté le 03 - 01 - 2006

La 6e édition du Marathon des dunes a créé l'occasion d'un échange culturel et cultuel entre citoyens de sept pays (Algérie, France, Suisse, Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne et Italie) et a surtout permis l'émergence de personnalités très attachantes.
Plusieurs langues se mêlaient dans un brouhaha indescriptible dans le hall d'arrivée des passagers des vols domestiques, dimanche dernier en fin d'après-midi. Deux vols, l'un provenant de Tamanrasset et l'autre de Ghardaïa, ont atterri simultanément, sur le tarmac de l'aéroport Houari-Boumediene aux alentours de 18h. Leurs passagers se précipitèrent aussitôt vers le tapis roulant pour récupérer sacs à dos, valises ou cabas. L'espace d'un instant, l'on eut l'impression que l'endroit avait fait un bond d'une vingtaine d'années dans le passé. Le souvenir des années bénies des grandes affluences des touristes étrangers à Alger et dans les villes du Sud, a refait surface dans les mémoires. Cette année, Ghardaïa a été particulièrement gâtée. Pas moins de trois manifestations (le Festival international du film amazigh, la semaine olympique Sport Sud organisée conjointement par le Comité olympique algérien et le ministère de la Jeunesse et des Sports et enfin le marathon des dunes) se sont déroulées, sur son sol, durant la dernière semaine de 2005. Ces activités saisonnières ont attiré des dizaines d'étrangers vers l'agglomération, implantée aux abords du Grand-Sud. Ce qui lui a valu le sobriquet de : “Porte du désert”. Le Marathon des dunes, manifestation annuelle portée par Sporting management, se tient d'habitude à Timimoun. Le choix s'impose presque de lui-même : l'oasis rouge est entourée de dunes. Ce qui donne un sens palpable à la spécificité conceptuelle de la course. Quelques problèmes de logistique survenus lors de la précédente édition du Marathon des dunes ont incité le comité organisateur, à leur tête Abdelmajid Rezkane, à changer de destination.
Destination Ghardaïa
Cette fois-ci, c'est dans la ville des Mozabites qu'est revenu le privilège d'accueillir quelque 200 athlètes amateurs, dont une cinquantaine d'étrangers venus de six pays différents (France, Belgique, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne et Suisse). Il est vrai que Ghardaïa ne se prête pas vraiment à l'événement de par sa topographie plutôt dénuée de dunes. D'ailleurs, le parcours du marathon (trois étapes de 14, 12 et 14 km à Zelfana, Bennoura et Ghardaïa) est tracé soit sur des pistes soit carrément sur du bitume. Les marathoniens n'auront la possibilité de fouler des dunettes que sur un court tronçon, à la dernière étape de la compétition programmée dans la daïra de Zelfana (65 km du chef-lieu de la wilaya), où sera dressé le village du marathon (centre de cure et de repos des travailleurs des P et T qui servira de site d'hébergement, de restauration et des activités de loisirs en soirée). Dix-neuf sponsors et treize médias (Canal Algérie, ENTV, France 3, Réseau France Outre-mer, TV5, Jeune Afrique l'Intelligent, Liberté, Le Soir d'Algérie, La Nouvelle République, l'APS, El Moudjahid et El-Watan) ont soutenu le marathon qui a eu lieu du 28 décembre 2005 au 1er janvier 2006. Au-delà du thème central de la manifestation, qui a drainé quand même de nombreux habitués de courses à pied, cet évènement a créé l'occasion d'un échange culturel et cultuel entre des citoyens de sept pays (y compris l'Algérie) et a surtout permis l'émergence de personnalités très attachantes d'émerger. Govi William, un Italien de 50 ans, a terminé la première partie de la course (une boucle de 14 kilomètres à partir du centre de cure des P et T en passant par le centre-ville et la palmeraie de Zelfana), les bras ouverts donnant l'impression d'un planeur tout en brandissant le fanion d'une équipe de football de son pays. Très vite, Govi est devenu la coqueluche des invités de Sporting management, grâce à sa bonhomie et sa jovialité, mais aussi à de surprenantes particularités. Il devrait presque figurer dans les annales du Guinness des records. En 25 ans, Govi a participé à 601 marathons et a visité 72 pays (le dernier étant l'Algérie). “Je n'ai jamais gagné une course. D'ailleurs ce n'est pas mon objectif. Mon désir est de découvrir des paysages nouveaux et des cultures différentes de la mienne”, se confie-t-il. Il raconte qu'il est arrivé dans notre pays le 24 décembre. Il a eu l'occasion de visiter Alger avant d'embarquer pour Ghardaïa à bord d'un charter d'Air Algérie, affrété spécialement pour le transport des participants du marathon des dunes. Le séjour de dix jours lui a coûté environ 1 500 euros. “Ce n'est pas beaucoup pour un tel voyage”, reconnaît-il avec honnêteté.
Aribi El Ghazi (un Béchari d'origine) a étonné par sa performance malgré son âge (64 ans). Au classement général, il occupe l'honorable 33e place, bien devant des jeunes de 20 -30 ans (il a couvert les 40 kilomètres du marathon en 2h 29mn alors que des jeunes les ont parcourus en plus de 5 heures). “Lors de la troisième étape du marathon, j'ai essayé de le rattraper, mais je n'ai pas pu. Il court très bien”, rapporte un Tlemcénien d'une vingtaine d'années. Evidemment, El Ghazi est le gagnant, sans surprise, de la catégorie des vétérans de plus de 60 ans. Il a remporté la coupe des vainqueurs, assortie de la modique somme de 4 000 DA. “J'ai rêvé une fois de Morsli qui me montrait une piste de course en me parlant de victoire. J'ai su que je devais courir le marathon”, raconte-t-il autour d'un thé servi sous l'une des kheïmas plantées dans la vaste cour du centre de cure des P et T. Depuis une dizaine d'années, il ne rate une compétition que s'il rencontre d'insurmontables embûches d'ordre matériel. Il a pris part à tous les marathons nationaux et à deux championnats internationaux (en France en 2004 et en Espagne en 2005). Il est invité à un marathon qui se tiendra en Autriche au mois de mars prochain. “Je demande aux autorités nationales de m'aider financièrement pour pouvoir représenter l'Algérie à ces jeux”, lance-t-il, dans l'espoir d'être entendu. De l'endurance et de la volonté, le sexagénaire en a à revendre. Il a tenu à participer absolument à la 6e édition du marathon des dunes, malgré son incapacité de s'acquitter de la cotisation d'un montant de 14 000 dinars. “Je suis venu par route à partir d'Oran. Je passe mes nuits à la belle étoile (les organisateurs ont pris en charge uniquement ses repas)”. Pourtant, trois jours durant, il était, à chaque étape, parfaitement en forme pour prendre le départ de la course, qu'il terminait, presque sans efforts, en un temps record pour son âge. Il a gagné naturellement l'admiration et la sympathie des concurrents ainsi que des spectateurs.
Des étrangers ravis
Bernard et Emmanuelle Claverie (un couple de quinquagénaires) ont, dès le départ, rejeté l'option de l'abandon. Ils se sont attelés à boucler, coûte que coûte, le circuit du marathon. Qu'importe le temps qu'il faudra y mettre. Il s'est avéré que Bernard Claverie atteignait, à chaque étape, la ligne d'arrivée deux centièmes de seconde avant son épouse. “C'est normal. Il s'arrangeait à remettre son dossard avant moi”, explique-t-elle avec un sourire malicieux, en vérifiant les résultats sur le tableau. C'est la deuxième fois que le couple Claverie prend part au marathon des dunes. “L'idée nous plaisait car elle nous donnait l'occasion de visiter une région que nous ne connaissions pas”, rapporte notre interlocutrice. “Nous n'avons pas du tout envisagé le risque terroriste, bien que certains nous aient confié que ça les inquiétait un peu”, ajoute-t-elle. “Il y a deux ans, nous sommes partis courir à Barcelone. Huit jours plus tard, il y a eu l'attentat de Madrid. C'est pour vous dire que la menace terroriste existe partout”, renchérit son mari. La destination Algérie est encore maintenue dans le rouge en matière de dangerosité par les institutions et les organismes d'assurances des pays occidentaux. Pourtant, c'est sans hésitation qu'Elisabeth et Willy Pregardiere (un couple de sexagénaire belge) ont accompli les formalités d'usage pour visiter Ghardaïa. “J'ai rencontré l'un des organisateurs du marathon sur un forum internet destiné aux plus de 50 ans. Lorsqu' il m'a parlé de cet événement, j'ai décidé de nous inscrire mon mari et moi”. Les deux belges étaient complètement ravis par leur séjour, malgré les quelques dysfonctionnements qui ont émaillé l'organisation, même si Elisabeth a été contrainte d'abandonner la course en mi-parcours de la première étape. “De toute manière, je suis venue pour découvrir le Sud algérien. Mais mon mari a continué jusqu'au bout”, souligne-t-elle fièrement. Si la participation de la majorité des marathoniens était symbolique (plus du tiers n'a pas terminé la course tandis que beaucoup d'autres n'ont fait que marcher), certains d'entre eux étaient animés d'une inébranlable volonté de gagner. Jorg Balle, un Allemand de 37 ans, a espéré, jusqu'au bout, la victoire (il a entendu parler de l'événement par un journal sportif vendu dans son pays). Il lui était toutefois difficile de rivaliser avec la performance des athlètes de la protection civile, qui n'ont pas voulu céder les neuf premières places. Comme attendu, Abed Boualem (34 ans) décroche la Palme d'or des 18-93 ans. Il a remporté une coupe et une enveloppe de 50 000 dinars. Un prix équivalant a été remporté par Isabelle de Abreu (Française de 36 ans). Une Allemande (Gotz Christine) est la gagnante des dames de 40-49 ans (prix 25 000 dinars), tandis qu'une Suissesse s'est montrée la plus rapide des dames de 50–59 ans (7 500 dinars). Mouny (Algérienne) n'a pas démérité puisqu'elle est la championne des vétérans dames de plus de 60 ans.
Les marathoniens ont eu l'occasion de connaître l'ensemble des ksour formant la pentapole de la vallée du M'zab (Ghardaïa, Metlili, Beni Izguen, Bennoura et El Atteuf le millénaire). Des visites guidées qui n'ont pas vraiment — voire pas du tout — levé le voile sur la secrète vie des Mozabites. Les guides ont évoqué longuement les principes architecturaux de la vallée. Ils se sont néanmoins scrupuleusement abstenus de livrer la moindre information sur les spécificités du mode de vie de la communauté aux rites ibadites. Il aurait fallu l'aide des Algérois pour que les étrangers comprennent, un tant soit peu, les raisons de la rareté des femmes dans les étroites ruelles des ksour et notamment pourquoi celles, qu'on voyait, paraissaient telles des ombres sous leurs voiles blancs qui ne laissaient entrevoir qu'un œil. L'étrangeté de la situation rajoutait paradoxalement de l'exotisme, tant recherché par les étrangers. Dommage que le séjour se soit achevé sur une fausse note.
La soirée du réveillon a été brutalement interrompue car des jeunes de Zelfana avaient menacé de provoquer un soulèvement — ils avaient déjà commencé à lancer des pierres sur les voitures — au cas où on ne les laisserait pas assister à la fête.
S. H.


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