Dans un discours prononcé mardi devant le corps diplomatique accrédité à Paris, le président français a fait la promotion d'une relation “nouvelle, confiante et durable” avec l'Algérie et a précisé que les deux gouvernements travaillent toujours à la concrétisation de ce traité. Une semaine après avoir annoncé le projet de réécriture de la loi controversée du 23 février 2005 sur le rôle positif du colonialisme en Afrique du Nord, Jacques Chirac exprime à nouveau sa volonté de mettre fin à la brouille algéro-française, essentiellement due à l'adoption de ce texte. Dans un discours prononcé mardi dernier, devant le corps diplomatique accrédité à Paris, le président français a fait la promotion “d'une relation nouvelle, confiante et durable” avec notre pays. à cet égard, il a indiqué que les deux gouvernements travaillent “pour qu'un traité d'amitié vienne consacrer, dans un esprit d'ouverture”, cette réconciliation. Cependant, le locataire du Palais de l'Elysée n'a donné aucune précision sur la date de ratification du pacte. En mars 2003, lorsque les présidents Bouteflika et Chirac avaient annoncé un tel projet, il était question que la signature intervienne avant la fin 2005. Le délai était tout à fait raisonnable si les vieilles rancunes n'étaient pas remontées à la surface pour entamer l'enthousiasme commun. Il y a onze mois, la majorité parlementaire (droite) française votait la loi sur le rôle positif du colonisation outre-mer, notamment en Afrique du Nord. Le texte, qualifié de révisionniste, a soulevé l'ire des responsables algériens, à leur tête le chef de l'état qui l'a assimilé à de “la cécité mentale”. Sa contre-offensive a consisté à exhumer le véritable passé de la France et de “ses fours crématoires”, où ont été brûlés des centaines d'Algériens suite à la répression des manifestations du 8 mai 1945. La persistance des députés de l'UMP à défendre la loi du 23 février en dépit de la demande d'abrogation de son fameux article 4 a radicalisé davantage la position d'Alger qui, par le biais de sa classe politique, a multiplié les dénonciations. Otage à la fois de sa famille politique et de ses ambitions de conquérir définitivement Alger, Chirac a fini par se libérer de ses attaches partisanes pour se consacrer à l'achèvement de son projet. Sa carrière politique arrivée à sa fin, il veut quitter le Palais de l'Elysée en ayant scellé la réconciliation algéro-française, comme Charles de Gaulles, avant lui, avait enterré l'ère de guerre avec l'Allemagne, il y a 43 ans. Chirac réussira-t-il ce pari ? à condition qu'il soit soutenu. Malheureusement en France, il est rare encore que le rapport avec l'Algérie inspire des jugements objectifs. Hormis une poignée d'intellectuels, la loi du 23 février n'a pas suscité un grand émoi. Dans la classe politique, la condamnation n'est guère plus unanime. Bernard Stasi, qui s'exprimait hier, figure dans les rangs d'une minorité qui prêche dans le désert. En sa qualité de président de l'Association France-Algérie, il considère que le texte “est une régression intellectuelle”. En revanche, il considère que le traité d'amitié “bien au-delà d'une simple réconciliation qui, quarante ans après la fin de la guerre d'Algérie, doit tourner la page des sanglants affrontements et des longues années de tension, de malentendus et de rancœurs qui les ont suivis, devait notamment nouer entre les deux pays des liens aussi forts que ceux qui unissent désormais la France et l'Allemagne”. SAMIA LOKMANE