Ce déplacement interviendra probablement à la veille de la signature du traité d'amitié entre les deux pays. Initialement prévue - mais non confirmée officiellement - la visite du président Jacques Chirac à Alger, pour le 23 juin prochain, a été reportée à une date ultérieure selon des sources diplomatiques françaises. «La visite du Président Chirac est reportée pour le courant de la rentrée sociale prochaine en raison de ses préoccupations au plan interne» indiquent ces sources sans préciser de date exacte soulignant que «ce déplacement a été programmé bien avant le référendum sur la Constitution européenne». Cette visite interviendrait probablement à la veille de la signature du traité d'amitié entre les deux pays programmée pour la période allant de novembre à décembre prochains. Frappé de plein fouet par l´ampleur de la victoire du non au référendum du 29 mai dernier sur la Constitution européenne, le président Jacques Chirac se trouve fortement affaibli, chez lui comme sur la scène internationale. Jamais depuis 1965, la cote de popularité d'un président n'a atteint un degré aussi bas sous la cinquième République. La coalition gouvernementale française a été affectée, le gouvernement remanié et les appels à la démission de M.Chirac se sont multipliés à droite comme à gauche. Face à ce mécontentement général, accru par un fort sentiment d´anxiété sociale, le président français aurait choisi de reporter son déplacement à Alger «jugeant» préférable que le voyage s'accomplisse sous d'autres conditions. Car, en plus de «la crise interne» en France, M.Chirac ne peut faire l'impasse à Alger sur un dossier aux relents de soufre: la guerre d'Algérie. Depuis le mois de mai, un nuage d'été s'est établi entre Paris et Alger, bien que la France conserve sa place de premier partenaire commercial de l'Algérie. Paris a été irritée par les propos du Président Bouteflika sur les massacres du colonialisme français du 8 mai 1945, qu'il aurait comparés aux crimes nazis. M.Bouteflika a souhaité voir la France reconnaître sa responsabilité dans les crimes commis durant l´occupation de l´Algérie. Une tragédie pourtant reconnue par l'ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière. Le 27 février dernier à Sétif, le diplomate a parlé de «tragédie inexcusable» à propos des massacres perpétrés par l'armée coloniale qui ont fait 45.000 morts. La polémique a pris corps quand le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi, sur un ton ressemblant au reproche, a évoqué «le respect mutuel» dans le travail de mémoire. En dépit de cet «incident de parcours», la valse des officiels français à Alger ne s'est pas arrêtée. C'est la première fois depuis l'indépendance de l'Algérie, que les relations algéro-françaises ont pu définir une orientation cohérente. Depuis la visite du Président Bouteflika à Paris en juin 2000 et son discours à l´Assemblée nationale, un dialogue s'est s´établi sur de nouvelles bases. Après des années de méfiance et d´incompréhension, les rapports entre les deux pays connaissent une embellie sous la houlette du couple Bouteflika-Chirac. «Une volonté forte de part et d´autre», «Construire une relation nouvelle, ferme et durable», «Une relation résolument tournée vers l´avenir» sont désormais les maîtres mots de ce rapprochement en attendant de lui donner corps par la signature du traité d'amitié.