Depuis la découverte de son cadavre, mercredi dernier, dans le 8e arrondissement de Paris, le mystère autour de l'assassinat de Abdelmalek Benbara demeure entier. L'autopsie pratiquée vendredi dernier a confirmé la seule certitude du moment : le député FLN a été assassiné. Si l'on sait à présent que la victime a été tabassée, frappée au visage et à la gorge jusqu'à ce que son larynx soit brisé et qu'elle a reçu trois coups de couteau dont un mortel en plein cœur, l'on reste, en revanche, dans le flou quant au mobile du meurtre. Certes, les indices en possession des enquêteurs permettent, dans une certaine mesure, d'écarter, provisoirement du moins, l'hypothèse d'un crime crapuleux commis pour l'argent. Le ou les assassins ont, en effet, laissé les portières de la voiture de la victime ouvertes, les clés sur le démarreur ainsi que ses affaires, même son portefeuille retrouvé sur lui au moment de la découverte du cadavre. Suffisamment d'indices, donc, pour que les enquêteurs puissent affirmer, à présent, que les raisons du meurtre n'étaient pas le vol. Bien sûr, ces éléments ouvrent la voie à l'autre hypothèse qui semble, pour le moment, intéresser au plus haut point les enquêteurs en charge de cette affaire. Il s'agit bien entendu de la vie privée de la victime. Suffisamment compliquée, cette piste alimente déjà l'hypothèse d'une vengeance d'ordre privé et personnel. Les médias français proches de l'enquête accréditent cette possibilité, tant que sur le plan politique l'investigation reste muette. Pour ceux qui ont côtoyé la victime, notamment dans le milieu associatif algérien, Abdelmalek Benbara est décrit comme étant une personne équilibrée, sympathique et dynamique, proche des jeunes. “Il honorait toutes les invitations qu'on lui adressait. Il débarquait souriant et chaleureux”, témoigne un membre de l'Union de la communauté algérienne de Paris. Evidemment, la vie privée de la victime est sur toutes les langues. Elle alimente la discussion. “C'était son choix. Et cela n'a jamais déteint sur ses qualités”, ajoute encore notre interlocuteur. Mais au-delà de ces apparences, les enquêteurs semblent avoir des raisons d'être intrigués par le côté caché de la vie privée de Abdelmalek Benbara. C'est ce pour quoi l'enquête risque d'être longue. Côté FLN-France, l'on ne semble pas prêt pour le moment à sortir du silence. Contacté par téléphone, hier, M. Aït Ouazzou, l'un des responsables du FLN à Paris et également patron de l'Union des Algériens en France et en Europe, n'a pas voulu répondre à nos questions au motif qu'il devait prendre part à une réunion extérieure. Il nous a priés de le rappeler plus tard. Nos tentatives sont restées vaines. Côté officiel, l'ambassadeur d'Algérie à Paris a répondu, hier, aux critiques de quelques associations algériennes lui reprochant ainsi qu'à ses services d'avoir mal géré une affaire aussi sensible. Joint par téléphone, l'ambassadeur nous a déclaré avoir pris en main cette affaire et ce, depuis la disparition de la victime, le 9 janvier dernier. “Depuis les premiers instants, nous avons contacté la femme du défunt lui apportant soutien psychologique et matériel. Bien sûr, nous avons voulu observer la discrétion souhaitée par Mme Benbara tant l'affaire était sensible”, affirme l'ambassadeur en déclarant que ce sont les services de l'ambassade qui ont pris contact avec la police et ont fait venir Mme Benbara à Paris, accompagnée par le consul général. “Nous avons aussi fait élever les interventions à un niveau digne d'un représentant de la nation”, précise encore le premier responsable de l'ambassade d'Algérie à Paris. S'agissant du déroulement de l'enquête, il affirme être tenu au courant de toutes les étapes en respectant, par ailleurs, le secret de l'investigation. Le défunt sera enterré en Algérie, selon la même source. Le rapatriement de la dépouille sera accompagné par Mme Benbara et se fera dès que les enquêteurs donneront leur feu vert. Cette affaire qui commence à ébranler le mouvement associatif algérien en France sera certainement au cœur des discussions qui auront lieu demain à Paris entre Mme Bouchemla, ministre chargée de la Communauté algérienne à l'étranger, et les associations algériennes à Paris. H. B.