Stupeur et colère vendredi dernier au tribunal de Nanterre où la cour d'assises des Hauts-de-Seine rendait son verdict dans l'affaire du meurtre du député du FLN, Abdelmalek Benbara, battu à mort le 9 janvier 2003 par des femmes dont il a blessé l'orgueil par le mensonge et la tricherie. Na Sekoura, le patriarche de 80 ans de la famille Benakli, originaire de Mechtras, qui lui avait planté trois coups de couteau dans le thorax pour “faire saigner son cœur comme il a saigné le mien”, a passé sa première nuit en prison. Elle comparaissait libre. La cour d'assises l'a condamnée à deux ans de prison ferme et trois avec sursis, une peine assortie d'un mandat de dépôt. Ce qui a suscité la colère de ses proches. La cour a frappé plus fort que l'avocat général qui a requis 5 ans de prison avec sursis contre l'ancienne moudjahida dont le couteau a été planté, en réalité, dans la chair d'un cadavre puisque le député est mort sous les coups de casserole assenés par Ouardia, une des filles de Na Sekoura. Ouardia a frappé une trentaine de fois la victime, lui brisant le larynx et provoquant sa mort par asphyxie. Elle a été condamnée à 10 ans de prison. Son neveu, Stéphane Ouaked, qui avait nettoyé la scène du crime et transporté le corps à la rue Hoche, dans le 8e arrondissement de Paris, où il a été retrouvé fortuitement après 20 jours de recherche, a été condamné à un an de prison avec sursis. Le procès public a montré que le drame, qui fait aujourd'hui le malheur de deux familles, a été provoqué par les mensonges d'un homme pourtant bien gâté par la vie avec un poste de cadre dans une grande entreprise et un statut de député auquel il venait d'accéder. Abdelmalek Benbara, marié depuis 1984 avec sa cousine qui lui a donné quatre enfants, menait une double vie depuis 1995 avec Louiza Benakli, une brillante avocate et conseillère municipale tombée sous les balles d'un forcené en mars 2002. La liaison était scellée par une Fatiha mais non confirmée par une cérémonie civile que l'homme s'arrangeait par divers prétextes à éviter même lorsqu'elle était programmée. Il allait jusqu'à invoquer un décès brutal de son père pour s'y soustraire. Et pour ne pas être démasqué, il faisait toujours une prière lorsqu'il évoquait le père qui est toujours vivant. De son union “religieuse” avec Louiza Benakli est née une fille, Yasmine, dont il voulait partager la garde avec sa nouvelle conquête rencontrée à Alger dans le cadre de ses nouvelles fonctions de député. Une autre rencontre cachée à sa femme légitime, mais découverte par les Benakli puisque c'est la maison de leur fille Louiza, juste en face de la leur, qui abritait ce nouvel amour. Une offense impardonnable. Et fatale. Devant la cour d'assises, sa veuve a affiché une formidable dignité. “Je n'en veux pas à cette dame. Ils étaient tous les deux adultes, ils avaient le droit de s'aimer. Je ne l'aurais pas tué s'il avait voulu refaire sa vie”, a-t-elle affirmé. Le pire pour elle, c'est que les meurtrières auraient rendu un service au menteur invétéré. “Vivant, il aurait dû donner des explications”, a-t-elle regretté. Y. K.