Si la nature a doté la wilaya de Mascara de tous les atouts dont sont en droit d'attendre d'elle les paysans, les résultats enregistrés dans le domaine de l'agriculture ne sont guère proportionnels et l'objectif lié au développement de ce secteur stratégique a été dévié de sa trajectoire initiale. Un constat qui est loin de faire la fierté des citoyens des Beni Chougrane. Jadis fleuron de l'agriculture avec pour principales cultures du terroir la pomme de terre et le vin, deux produits qui ont fait sa réputation, la région de Mascara a déjà perdu son statut de première wilaya agricole du pays, un bouleversement de situation assujetti aux multiples mutations socioprofessionnelles qui ont gangrené la région. Un climat favorable, une pluviométrie satisfaisante, de grandes étendues de terres labourables, des investissements considérables et une main-d'œuvre qualifiée, telles sont les indications autour desquelles gravite tout un symbole susceptible de tabler sur des sources de satisfaction visant à une autosatisfaction des produits agricoles et l'exportation du surplus dégagé. Mais si cette stratégie constituait le credo des colons qui ont tiré des bénéfices conformes à leurs ambitions, elle a été adoptée par ceux qui les ont remplacés qui ont mis un frein à la continuité qui s'imposait. De véritables opérations de destruction ont été appliquées et il s'en est suivi une situation dégradante d'année en année au point où la wilaya de Mascara a carrément perdu son grade et sa vocation première qui est l'agriculture. En effet, au cours des deux dernières décennies, ce sont des milliers d'hectares de terre fertile qui ont disparu de la nomenclature agricole de la wilaya sur lesquels la réalisation de logements et d'infrastructures socio-éducatives a été entreprise, permettant le développement des autres secteurs au détriment de l'agriculture. Toutes les communes ont entamé l'extension des localités en long et en large et les principales terres visées pour servir d'assiette aux nouveaux projets sont celles relevant des biens domaniaux ou relevant du secteur public. Même l'arboriculture n'a pas échappé au carnage, puisque des milliers d'orangers, d'oliviers, de citronniers, de pommiers et autres arbres fruitiers ont été abattus pour permettre la construction d'immeubles. Force est de constater que le foncier a été très mal géré dans la wilaya de Mascara car les décisions prises dans ce contexte l'ont été au détriment du secteur de l'agriculture, et ce ne sont pas les anecdotes qui manquent à ce sujet. Du coup, c'est la culture de tous les produits agricoles qui a enregistré une très nette régression et les wilayas de Aïn Defla, Tlemcen et Guelma devancent largement celle de Mascara dans le domaine de la production de la pomme de terre. Pourtant, dans un passé récent, l'évocation de la région de Mascara était associée à ce légume de base des ménages et l'achat de l'orange par les habitants de Mohammadia était une vexation. Ce n'est, hélas, plus le cas aujourd'hui puisque la wilaya de Mascara importe la pomme de terre et l'orange est cédée à un prix excessivement cher. En dépit du cumul des erreurs, la saignée est loin d'être freinée, puisque d'autres facteurs se mêlent pour accélérer l'hémorragie dont est victime l'agriculture, comme la sécheresse, l'absence de semences appropriées, l'utilisation des moyens archaïques et, surtout, la mentalité des agriculteurs qui n'a pas évolué à l'heure même de l'informatique. La dégradation de cette situation s'est négativement répercutée sur le pouvoir d'achat des chefs de famille, contraints d'acheter les produits qu'ils ramassaient seulement ou les recevaient gratuitement des agriculteurs mais également à eu pour effet la perte de milliers de postes de travail. Bien que l'intelligence des élus locaux ne soit pas mise en cause, une prise de conscience s'impose pour redynamiser le secteur de l'agriculture dans la wilaya de Mascara en adoptant un programme à même de réhabiliter la région dans sa vocation première car toutes les conditions sont réunies. A. B.