Problématique récurrente à l'occasion de chaque coupe d'Afrique des nations, la présence des joueurs africains dont 60% évoluent en Europe. On sait déjà que les clubs d'outre-mer ont toujours été récalcitrants pour libérer leurs capés en plein compétition afin de disputer la CAN, et la FIFA, sur pression de la CAF, se voit à chaque fois obligée d'intervenir sur le plan réglementaire — menace de sanctions — pour mettre le holà. C'est ainsi que le glaive brandi par la FIFA a fini par porter ses fruits. La CAN 2006 constitue un exemple éloquent quant à la détermination des africains à faire honneur au plus important rendez-vous continental. En effet, hormis quelques cas, à l'image de Essien (Ghana) blessé, Attouba (Nigeria) et Aruna (côte d'Ivoire), la majorité des vedettes africaines sont là en Egypte. Drogba, Et'oo, Santos, Zaïri et autres Mido et Adebayor ont tenu à répondre à l'appel de leur pays en dépit de la grande concurrence existant dans leurs clubs respectifs en Europe. À ce sujet, durant son séjour au Caire, le président de la FIFA, Blatter, n'a pas cessé de marteler que l'Afrique avait le droit d'organiser sa compétition durant cette période n'en déplaise aux clubs européens. À ceux qui voudraient décaler la date de cette CAN pour l'été car cela coïnciderait avec la fin des championnats en Europe, le président de la CAF, Hayatou, a réservé une réponse plutôt convaincante. “Si vous organisez une CAN en été, cela veut dire qu'il faut accepter de jouer une compétition s'étalant sur 20 jours soit sous une chaleur suffocante en Afrique du nord, soit sous des pluies incessantes et torrentielles en Afrique subsaharienne. Je ne pense pas que cela soit possible au moment où nous pouvons justement organiser une CAN sous de bons auspices comme c'est le cas actuellement en Egypte”, dit-il. Et d'ajouter : “je ne comprends pas pourquoi certains s'entêtent à véhiculer cette idée de changement de période car ils savent pertinemment que c'est perdu d'avance. Du reste, je peux vous affirmer que le calendrier international, établi jusque 2010, prévoit justement le déroulement des deux prochaines CAN durant cette même période.” C'est dire que dans ce bras de fer entre les grands clubs d'Europe et d'Afrique, cette dernière reste ferme. Il faut dire aussi que les pros eux-mêmes facilitent la tâche des fédérations nationales dans la mesure où ils insistent désormais à rejoindre leur EN. Tentant de revenir à la charge pour infléchir la position des dirigeants africains, les européens évoquent le défraiement des joueurs. Autrement dit, les fédérations nationales prennent en charge complètement les honoraires des joueurs durant leur période de sélection et qu'elles payent des indemnités de dédommagement en cas de blessure. Blatter n'a pas donné son o.k., il a même réfuté pour l'heure cette proposition avançant en revanche une autre idée. Il s'agit, en fait, de la création d'un fonds de la FIFA pour porter assistance aux joueurs blessés durant ce genre de compétition. Un fonds qui verra le jour, selon Blatter, lors de la prochaine coupe du monde et qui pourrait être donc généralisé pour les autres compétitions de la FIFA, à l'exemple de la CAN. Ceci dit, au-delà de toutes ces options, il reste que le plus urgent demeure le fait que les grands clubs européens acceptent déjà l'idée de se séparer de leurs internationaux africains pour la CAN sans penser à leurs intérêts étroits qui les amènent à mettre la pression sur leurs joueurs expatriés. En effet, ne pouvant rien faire contre les menaces de la Fifa, les dirigeants européens menacent carrément leurs joueurs de perdre leurs places de titulaires s'ils venaient à rejoindre leurs sélections nationales. Bien sûr, cela n'est pas valable pour un Drogba ou un Et'oo, mais pour le reste si. Et la FIFA ne peut rien faire visiblement contre cette démarche franchement machiavélique. S. B.