En prenant ses fonctions en octobre 2004, le wali d'Alger, Addou Mohamed-Kebir, avait comme principal objectif de faire d'Alger une capitale méditerranéenne. Nettoyer la mégapole de sa saleté, procéder à la réfection des réseaux routier, AEP et assainissement étaient des priorités de premier ordre. Une mission dure, faut-il le reconnaître, au vu de l'état des lieux mais aussi des mentalités récalcitrantes et réfractaires. D'autres problèmes de moindre envergure mais non moins importants pour l'équilibre de la vie en communauté étaient également dans l'agenda du commis de l'Etat. Un casse-tête auquel une armada de moyens et une batterie de paperasses ne sauraient suffire. S'inspirer d'un modèle de gestion européen impliquant les citoyens dans le quotidien de la cité paraissait une expérience qui valait bien d'être essayée. Ainsi est né le Coville que d'aucuns avaient, à juste titre, qualifié de bonne gouvernance locale. Les 57 communes que compte la wilaya d'Alger avisées n'ont pas manqué de montrer un vif intérêt à cette initiative jugée salutaire dès lors que la société civile était partie prenante du débat. Cela fait plus d'une année que le wali a signé l'arrêté ordonnant aux APC de mettre en place ce comité présidé par le maire et composé de représentants de la municipalité, des Epic et de la société civile. Il doit se réunir régulièrement une fois par semaine pour débattre des problèmes posés au niveau de la commune que les différents organismes compétents sont censés prendre en charge. Qu'en est-il aujourd'hui ? Quel bilan pourrait-on tirer de cette expérience ? Il y a lieu de reconnaître de prime abord que l'ardeur affichée au début n'a pas tardé à s'essouffler pour donner naissance à trois catégories d'APC : celles qui n'ont pas pris le train pour des raisons qu'on ne pourrait juger ici, celles qui ne sont pas régulières et, enfin, celles qui n'ont pas dérogé à ce qu'elles appellent la tradition. Pour mieux apprécier les résultats d'une année d'expérience, nous nous sommes rapprochés de l'APC de Sidi M'hamed, l'une des plus importantes communes de la wilaya mais aussi la plus assidue dans l'organisation du Coville. Pas moins de 35 réunions ont été tenues en 2005, soit une réunion par semaine si on exclut les périodes des grands congés et des fêtes légales et religieuses. Autrement dit, c'est l'unique APC à se conformer aux dispositions de l'arrêté du wali d'Alger. Comment peut-on expliquer cette régularité ? Pour le chef de l'exécutif, Mokhtar Bourouina, il ne s'agit pas d'une simple formalité à accomplir pour plaire à la hiérarchie. “L'idée de gérer en communauté les problèmes de la commune nous a enchantés dès le début. Notre assemblée a tout de suite saisi cette opportunité pour en faire une tradition. Aujourd'hui, nous sommes fiers de constater que la majorité des doléances des citoyens de Sidi M'hamed est prise en charge convenablement. La participation de la société civile au Coville nous a beaucoup aidés. Cela nous a permis de prendre connaissance des moindres problèmes dans les quartiers et cités de la commune. C'est également grâce à la collaboration des entreprises et organismes concernés que ces problèmes ont été réglés. C'est un honneur pour nous de savoir que notre commune est actuellement la plus propre de toute la circonscription. 29 projets sont en cours de réalisation et 6 autres attendent l'aval de la wilaya”, fait-il souligner. Le P/APC refuse la thèse selon laquelle la commune de Sidi M'hamed doit sa situation envieuse à un budget conséquent. “Notre budget ne dépasse pas celui des autres communes moins développées que Sidi M'hamed. Vous pouvez aisément vérifier que tous les projets ont été lancés sur le budget de la commune quand bien même certains sont coûteux”, précise-t-il. Revenant à la charge pour expliquer le développement de sa commune, il fera savoir que les riches débats du Coville en sont pour beaucoup. “De l'assainissement dans les quartiers des Groupes et de la cité Mahieddine en passant par la réalisation de petits projets au profit des jeunes ou des vieux dans différents endroits de la commune, nous avons d'abord commencé par écouter les représentants des comités de quartier et du mouvement associatif présents avec nous dans toutes les réunions. Les doléances et les suggestions enregistrées au cours de la réunion sont automatiquement répercutées sur les Epic en charge de les régler”, dira-t-il. Penser que cette forme de gouvernance locale n'est pas de nature à réussir dans nos communes, c'est refuser un modèle démocratique où la transparence est le cheval de bataille et continuer à gérer ainsi dans l'opacité, loin des regards indiscrets. A. F.