C'est ce qu'a déclaré le ministre de la Santé, qui, a par ailleurs, annoncé le lancement de 24 programmes nationaux de santé, pour un budget de 13 milliards de dinars. Les responsables de la direction de la prévention au ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière ont exposé, hier, à Alger, lors d'une réunion au siège du département, les grandes lignes des vingt-quatre programmes qui seront lancés incessamment. Ces programmes, qui s'étaleront jusqu'à l'échéance 2009, visent à la diminution de 50% du taux actuel des différentes pathologies courantes en Algérie. Lors de son allocution d'ouverture, M. Amar Tou, ministre de la santé, a mis l'accent sur l'importance d'une telle opération. “Nous disposons de moyens financiers pour mener à terme ces programmes”, a-t-il affirmé. Pour sa part, le Dr Ouahdi, directeur de la prévention, estime que la transition épidémiologique est en train de s'opérer en Algérie. À ce titre, il déclare : “le taux de mortalité induit par les maladies non transmissibles s'élève à 58%. Les maladies transmissibles sont la cause de mortalité dans 30% des cas. Le reste est causé par des traumatismes, notamment les accidents.” Le programme (mère, enfant) vise à mieux comprendre les causes des pathologies touchant les femmes et les enfants. Ce dossier est très important d'autant que le taux de mortalité infantile est un indice de développement que prennent en compte les institutions internationales. Les enquêtes précédentes évaluent à 30,4 pour 100 000 le taux de mortalité infantile en 2004, et ce chiffre est appelé à baisser de 50% si les programmes sont bien menés. L'incidence des rhumatismes articulaires aigus était de 2,6 pour 100 000 enfants, ce chiffre était encore plus élevé en 1997, avec un taux de 11,06 pour 100 000 enfants. Cette opération vise à mieux prendre en charge les enfants pour faire diminuer ces taux de mortalité inhérents à certaines pathologies que les praticiens algériens savent soigner. Les responsables du département de la santé, qui se réjouissent d'ores et déjà de l'éradication de la poliomyélite (aucun nouveau cas depuis 1997), escomptent réaliser des progrès notables grâce à des campagnes de vaccinations (rougeole, coqueluche, etc.). Ils comptent ainsi atteindre un taux de vaccination de 100% de la population ciblée. Quant à la santé de la mère, les spécialistes espèrent diminuer le chiffre actuel de 99 décès pour 100 000 parturientes, en augmentant le taux des accouchements en milieu assisté qui atteint déjà 88%. Pour ce qui est des maladies non transmissibles, la commission chargée de mener ce programme spécifique, s'attellera tout d'abord à lutter contre l'usage des produits comme le tabac et l'alcool. Ces pathologies, qui connaissent une progression due aussi à une alimentation non équilibrée, à la sédentarité, à l'obésité, aux troubles des lipides, à l'hypertension et au diabète, sont la cause de 58% du taux de morbidité en Algérie. La stratégie déjà mise en œuvre s'articule autour des études menées à grande échelle comme c'est le cas pour le diabète : une enquête menée à l'est du pays fait ressortir que 7% de la population sont touchés par cette maladie. Deux autres enquêtes seront lancées à l'ouest et au centre, toujours au sujet de cette pathologie. Les cancers connaissent eux aussi une nette recrudescence et, pour en diminuer le nombre, les animateurs de ces programmes envisagent d'atteindre un niveau appréciable de dépistage des cancers touchant notamment la femme (sein et col de l'utérus). Concernant les cancers de l'homme, il est prévu de mener des campagnes antitabac pour faire baisser le nombre des néoplasies touchant les poumons et la gorge. Par ailleurs, les responsables de la santé publique n'excluent pas de parvenir à diminuer de 30% l'incidence du diabète parmi la population. Les maladies transmissibles sont elles aussi concernées par ces programmes puisque des campagnes seront consacrées à la lutte contre la tuberculose, le sida, les zoonoses (maladies animales transmises à l'homme). En collaboration avec d'autres ministères, les animateurs de ces programmes comptent aussi lutter contre les maladies à transmission hydrique et les intoxications alimentaires. Les responsables du département de la santé rappellent qu'il n'y a aucun cas de choléra depuis 1996. Pour améliorer les indices de la santé, il est prévu de diminuer de 50% le taux de l'incidence des maladies nosocomiales (contractées en milieu hospitalier) qui avoisine actuellement 14% des personnes hospitalisées. Pour ce faire, des campagnes seront menées pour inciter le personnel à toujours observer rigoureusement les règles d'hygiène. Ces programmes toucheront aussi la santé scolaire et la lutte contre la mortalité par piqûres de scorpion. Enfin, une cellule se consacre à l'évolution de la grippe aviaire et des mesures de protection, assure-t-on, sont déjà opérationnelles aux ports, aéroports et aux frontières. L'Algérie, ajoute-on, a commandé 6,5 millions de doses de Tamiflu pour une facture de 8 milliards de dinars. Saïd Ibrahim