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“La loi de finances 2006 encourage les activités informelles” Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprise au Conseil consultatif sur la PME
faut plusieurs mois aux banques pour qu'elles s'aperçoivent qu'un chèque est en bois. Le premier responsable du forum prévient, du reste, contre le risque d'émergence d'une économie maffieuse. Contrairement aux affirmations officielles, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), dans une interview accordée au Conseil national consultatif pour la promotion des PME, estime que la loi de finances pour 2006 n'introduit pas de mesures de nature à contribuer véritablement à relancer l'investissement. “Nous n'avons pas connaissance que les charges fiscales et les charges patronales aient été allégées, ni qu'il y ait eu des mesures susceptibles de contribuer à réduire les délais de traitement des dossiers d'investissement au niveau des banques”, souligne M. Omar Ramdane. Le président du FCE soutient que certaines mesures décidées dans le cadre de la loi de finances 2006 sont plutôt de nature à freiner davantage l'investissement et, d'une façon générale, à favoriser les activités informelles. Ainsi en est-il de la mesure concernant la perte du droit à déduction de la TVA sur les factures réglées en espèces, et de celle relative à l'obligation de paiement par chèque de tout achat dont le montant est supérieur à 50 000 dinars. M. Omar Ramdane estime qu'il aurait été logique et légitime de sanctionner l'absence de facturation. “Les conditions de la transparence des opérations commerciales sont réunies dans la facture (affichage des prix, des quantités et de la TVA)”, argumente-t-il. “Nous estimons qu'avec ce type de mesures, c'est l'informel qui sera renforcé et que de nombreuses entreprises risquent de se voir précipitées dans ces pratiques qui sont en train d'aspirer toute l'économie réelle”, ajoute le président du Forum des chefs d'entreprise. M. Omar Ramdane, jugeant ces mesures irréalistes, explique que “le fonctionnement actuel du système bancaire est tel que plusieurs mois peuvent s'écouler avant que l'on ne s'aperçoive qu'un chèque donné est un chèque en bois. Et pour qu'une plainte pour un chèque sans provision puisse être recevable, il faut disposer de la filiation du signataire ; autant dire qu'on ne peut réellement pas poursuivre un émetteur de chèque sans provision”. Le premier responsable du FCE met en garde sur le risque d'une économie maffieuse. Sur un autre plan, la question relative à l'origine des fonds constitue, selon M. Omar Ramdane, “un frein à l'investissement, comme l'est également le coût élevé du crédit, alors que l'inflation ne dépasse pas 2,2% et que les banques croulent sous une énorme masse de liquidités et que l'épargne s'accumule au niveau de la Banque d'Algérie”. Un million d'emplois pourront être créés sur trois années M. Omar Ramdane a évoqué dans l'interview des propositions formulées par le forum “en vue de résorber très rapidement les grandes difficultés sociales liées au chômage endémique que connaît notre pays et réduire la pauvreté et la précarité en milieu rural”. Le président du FCE parle “de trois types d'actions qui pourraient permettre de créer un million d'emplois sur trois années”. Le premier type d'action que le FCE préconise consiste en la mise en place d'activités d'utilité publique dans divers domaines tels le reboisement et l'entretien des forêts, la mise en valeur des terres agricoles, les travaux de voirie, les travaux d'assainissement, la protection des berges de barrages et tous travaux d'utilité publique et d'intérêt économique. Le deuxième type d'action vise les populations qui ont fui leurs villages durant les années de terrorisme et qui vivent aujourd'hui dans la précarité aux alentours et au sein des villes et accentuent la pression sur les milieux urbains déjà fragiles. “Nous pensons que l'Algérie a maintenant les moyens de faire face à ces problèmes en encourageant ces populations à retourner dans leurs villages avant qu'il ne soit trop tard, car si cela n'est pas fait aujourd'hui, cela ne se fera jamais”, souligne Omar Ramdane. Cette opération prendra deux années, avec l'octroi d'une aide de un million de dinars à chaque famille dont la moitié financera la reconstruction d'un logement et l'autre moitié des petits investissements de nature à permettre la remise en activité des personnes dans l'agriculture, l'apiculture, l'élevage, etc. Ce programme urgent de réinstallation dans leurs régions d'origine touchera 100 000 personnes. Le troisième type d'action préconisé par le forum concerne le secteur du bâtiment et des travaux publics. Il s'agit, annonce le forum, “de lancer un vaste programme de formation de niveaux 3 et 4, sur 12 à 18 mois, de 200 000 jeunes par an aux divers métiers du bâtiment, afin de résorber les besoins immenses de ce secteur et donner des emplois durables. 600 000 jeunes pourront ainsi être formés sur trois ans ; ceux-ci seront encouragés à travers le versement d'un présalaire au niveau du SMIG”. Cette opération permettra de faire face au déficit de main-d'œuvre, estimé actuellement à 500 000 travailleurs, dont souffre le secteur du bâtiment et des travaux publics dans tous les corps de métier. Pour le financement de ces trois programmes, le forum a travaillé avec “l'hypothèse de stabiliser le Fonds de régulation des recettes (FRR) à 1 000 milliards de dinars”. Ces trois opérations, affirme M. Omar Ramdane, “coûteront 1 200 milliards de dinars d'ici à 2009”. K. L.