La politique mise en œuvre par le gouvernement pour régler la question du foncier, notamment industriel, véritable frein à l'investissement en Algérie, ne semble pas agréer le Forum des chefs d'entreprise. Intervenant sur les ondes de la radio Chaîne II, le président de cette association patronale, M. Omar Ramdane, parle “d'une aberration”. “Contre tout attente le gouvernement a choisi les enchères publiques”, souligne le responsable du FCE estimant que les dispositions de la récente ordonnance (ordonnance n°06-11 du 30 août 2006) ne règlent pas le problème du foncier si elles doivent conduire, comme cela ressort de l'introduction du mode des enchères publiques, à la cession (ou à la concession) des assiettes foncières au prix le plus élevé. “Cette façon de faire complique davantage le problème”, soutient M. Omar Ramdane. Argument : sur 10 investisseurs, un seul pourra accéder au terrain proposé à la vente ou à la concession. “Les neuf autres n'a-t-on pas besoins d'eux ?” s'interroge le président du FCE. M. Omar Ramdane rappelle que son organisation n'a pas cessé, depuis sa création en 2001, de proposer des mesures concrètes au gouvernement, visant à assainir en profondeur l'environnement économique de l'entreprise, avec une architecture qui s'articule autour des thèmes suivants : la mise à niveau de l'environnement et des entreprises ; le développement de l'investissement ; le financement de l'économie ; la fiscalité et la concurrence ; la promotion de l'exportation ; les autres mesures touchant le système économique dans son ensemble (privatisation, marché du travail, information économique…). “Nous sommes frustrés de ne pas êtres écoutés”, regrette-t-il, insistant sur la nécessité d'agir sur trois facteurs. M. Omar Ramdane évoque en premier lieu la nécessité d'une vision de l'économie à long terme qui définira qu'elles sont les branches d'activité à encourager et celles, en raison de la concurrence, à abandonner. En second lieu, il faut faciliter l'accès au crédit. Il faut agir sur l'organisation du marché. “Aucun investisseur ne prendrait le risque dans une économie ou le marché informel est important et ou la contrefaçon prend de l'ampleur”, explique le président du FCE. Enfin, il faut régler définitivement la question d'accès au foncier. Le président du Forum des chefs d'entreprise propose dans ce cadre la réalisation de zones industrielles sur l'axe autoroutier Est-Ouest et les céder au dinar symbolique ou appliquer le régime de la concession pour une durée de 99 ans. Evoquant la stratégie industrielle, examinée par le gouvernement, le premier responsable du FCE, affirme n'avoir pas reçu le document. Cependant le forum réagira certainement, à travers une réflexion une fois le document du gouvernement rendu public. Il juge au passage que le bilan des opérations de la mise niveau des entreprises décevant. “Les pouvoirs publics ne semblent pas prendre la mesure du risque encouru par l'industrie algérienne si elle n'est pas mise à niveau. Des pans entiers risquent de disparaître”, avertit-il. Omar Ramdane insiste sur la nécessité indispensable d'un programme complet de mise à niveau des entreprises pour faire en sorte que les perspectives de la libéralisation du commerce se traduisent par des progrès économiques et la création d'emplois et non par des disparitions d'activités et une extension du chômage. Le forum, rappelle Omar Ramdane, avait déjà préconisé de doter l'instance en charge du programme de mise à niveau d'un fonds conséquent pour permettre, le lancement d'un vaste programme devant toucher 1 000 entreprises par an, sur une durée de 5 à 7 années ; pour la première année, ce programme devra concerner : 100 entreprises exportatrices ; 500 entreprises potentiellement exportatrices ; 400 entreprises à marché porteur. “On n'a pas été suivi”, regrette-il. Interrogé sur le pacte économique est social, le président du FCE explique que si son organisation n'a pas participé, à la tripartite, c'est parce qu'elle a un statut d'association et non de syndicat. Mais, précise-t-il, un document a été adressé au gouvernement. Omar Ramdane juge tout de même que “l'Etat ne doit plus se mêler de la question des salaires dans le secteur économique”. Le président du forum n'est pas contre l'augmentation des salaires, mais il préfère utiliser le terme “augmentation du pouvoir d'achat”. “Si ce qu'on donne de la main droite, on le récupère de la main gauche à quoi servirait une augmentation des salaires”, argumente-t-il. Le président du FCE a, par ailleurs, réagi au propos de Benachenhou, rapportés par la presse critiquant le statut familial des entreprises privées en Algérie. “Quand on a été responsable, il faut se garder de dire n'importe quoi”, répond-il. Meziane Rabhi