A quelques jours de l'entrée en vigueur de l'accord d'adhésion de l'Algérie à la zone libre-échange, les opérateurs économiques tirent une nouvelle fois la sonnette d'alarme quant aux effets " négatifs" de cet accord qui, selon certains chefs d'entreprise, va pousser plusieurs entreprises à baisser le rideau et mettre les travailleurs à la porte , ce qui induira "une grogne sociale". Face à la décision irréversible des pouvoirs publics d'aller droit devant dans cet accord, le forum des chefs d'entreprise demande officiellement le report de l'application de l'accord pour deux ans et à être également être informé des mécanismes de sa mise en œuvre et de son contenu. Dans une rencontre avec la presse, hier, au siége du FCE à Alger, en présence de plusieurs chefs d'entreprise tels que le patron de Cevital, Issad Rebrab, le patron des boissons gazeuses Slimane Athmani et autres. Le président du forum des chefs d'entreprise n'a pas caché le recours aux autres organisations patronales et même la Centrale syndicale qui représente le secteur public puisqu'il s'agit, selon lui, de l'avenir de l'entreprise et de l'économie nationale en général. En outre, M. Réda Hamiani a indiqué qu'un mémorandum sera remis au début du mois de janvier, c'est-à-dire la semaine prochaine, au Premier ministre portant sur les craintes manifestées par les chefs d'entreprise par rapport à l'adhésion de l'Algérie à la zone arabe de libre-échange et un ensemble de propositions concernant la levée des contraintes auxquelles font face les PME en Algérie. En tout cas, les patrons intégrés dans le FCE ont dressé, hier, un tableau noir sur ce qui attend l'économie nationale avec l'invasion de marchandises arabes, avec ladite adhésion, d'autant que la réglementation algérienne permet aux opérateurs arabes de venir distribuer leurs marchandises en Algérie ce qui n'est pas le cas pour les entrepreneurs algériens qui n'ont pas cet avantage, selon le patron du groupe Cevital qui a donné l'exemple de la Tunisie dans ce cadre . D'autres entrepreneurs ont soulevé l'absence de transport direct comme l'un des moyens importants pour une zone de libre-échange, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie, tout en évoquant l'absence d'une étude d'impact d'une telle adhésion avant de prendre la décision, sans oublier l'évaluation de l'accord d'association avec l'Union européenne. Le forum des chefs d'entreprise qui regrette de ne pas être associé et informé sur la décision de mise en œuvre de l'adhésion de l'Algérie à la zone arabe de libre-échange , il y a juste une semaine, affirme tout de même qu'il n'est pas contre cette adhésion mais contre l'absence de moyens pour pouvoir mener une vraie concurrence. Selon le FCE, l'urgence actuelle pour l'Algérie et de construire une économie hors hydrocarbures. Selon Slimane Othmani , le fait de vendre des marchandises arabes à un prix réduit peut être bénéfique pour le consommateur algérien, mais il prévient que cette situation ne durera qu'un moment jusqu'à la mise à plat des entreprises algériennes puisque, selon lui, une fois il y a absence de concurrence les prix vont grimper. Selon toujours ce chef d'entreprise , le coût de la production en Algérie n'est pas du ressort des PME mais la responsabilité revient à l'environnement des affaires en Algérie. Dans ce contexte, Hamiani a soulevé la pénalisation des PME algériennes par plusieurs obstacles, notamment l'accès au foncier et au financement et se libérer des différentes charges . M. Rebrab va encore plus loin en s'interrogeant sur les bénéfices que peut tirer l'Algérie des opérateurs arabes, d'autant que les pays arabes ne possèdent pas la technologie , ce qui fait, selon le patron de Cevital, chercher le transfert de la technologie là ou il est.