Une délégation de femmes, mères d'enfants souffrant de troubles envahissants du développement, connus sous le nom d'“autistes”, s'est présentée hier au journal aux fins d'interpeller les pouvoirs publics sur les “insuffisances”, en matière de moyens et de prise en charge de ces enfants. “Les autistes sont des êtres humains qui ont un comportement différent des autres : il faut respecter leur différence”, a souligné une de nos interlocutrices. Cette dernière, affligée par l'attitude de la directrice d'une crèche vis-à-vis de son fils Samy, âgé de 4 ans, ne s'est plus quoi faire. “Elle ne veut pas le garder dans sa crèche. Elle le trouve différent des autres enfants ; je crois qu'elle ne veut pas avoir de problèmes avec les parents des bambins”, a-t-elle indiqué, sans cacher sa détresse. L'autisme atteint le système nerveux central et affecte le développement de la personne, sur les plans cognitif et sensori-moteur, de la sociabilité, de l'autonomie de base et fonctionnelle, du langage et de la communication. Ce syndrome apparaît dès le jeune âge, à la naissance ou dans les trois premières années de la vie. “Quand le diagnostic est fait précocement, on peut détecter les cas d'autisme chez l'enfant : il y a alors plus de chance de le socialiser”, a noté une autre dame, en déplorant le peu d'hôpitaux qui accueillent les autistes. “On ne sait pas où mettre nos enfants, il n'y a ni prise en charge en dehors de l'hôpital du jour, ni classes spécialisées dans les écoles, ni de centres spécialisés pour leur apprendre un métier. Rien n'est fait pour ces enfants pour leur donner une chance d'être intégrés dans la société”, a-t-elle soutenu, puis d'ajouter : “Des parents comme nous ont la chance d'être orientés par des pédo-psychiatres, qui admettent toutefois les limites de l'environnement. Il faut aussi penser aux autres autistes et parents d'autistes qui sont livrés à eux-mêmes.” Tout au long de la discussion, les mères de famille ont parlé de leur “combat au quotidien”, de la démission parfois de leur conjoint. Certaines ont fait part de “la déstabilisation de la vie familiale” et, quelquefois, de “la fragilisation” des autres frères et sœurs. D'autres, en revanche, ont encore du mal à concevoir “l'incompréhension” des autres, même des plus proches, alors qu'elles ont besoin d'être soutenues. “Un enfant autiste est très prenant. Il faut être attentif à son comportement. J'ai passé tant de nuits blanches que je ne sais plus très bien comment dormir”, a avoué la mère d'Omar, 8 ans, en se demandant ce qu'il adviendra de son fils, après l'hôpital Bouchaoui. “Pour l'instant, il est pris en charge par l'hôpital et un centre pour enfants inadaptés. Mais, j'aimerais qu'il intègre l'école d'autant qu'il commence à parler et qu'il veut étudier comme sa sœur”, a-t-elle encore déclaré. Le même souhait a été émis par les autres interlocutrices, notamment la mère de Lotfi, 4 ans, qui a insisté sur “la prise en charge précoce” et “la prise de conscience” des corps médicaux et paramédicaux, particulièrement les pédiatres. Hafida Ameyar