“Le correspondant du journal El Khabar à El-Bayadh, Bachir Larabi, est en prison depuis dimanche. Son journal affirme que Larabi était sous le coup d'un mandat d'arrêt émis la veille de son incarcération par le tribunal de Naâma et suivi immédiatement d'effet par l'arrestation du journaliste à son domicile pour être conduit à la prison. Cette incarcération, qui inaugure l'année 2006, annonce une escalade programmée de la répression de la liberté de la presse et apporte un démenti cinglant aux propos des plus hauts dirigeants du pays, selon lesquels “aucun journaliste n'est en prison pour ses écrits”. La promptitude de l'appareil judiciaire à sévir contre le journaliste est pour le moins frappante au vu des lenteurs légendaires de la machine dans le traitement des dossiers de justice. L'épisode Larabi renseigne, on ne peut mieux, sur les visées réelles d'un régime pressé d'en finir avec la liberté de la presse, voire avec le métier de journaliste, à un moment où la contestation sociale gronde et la corruption atteint des sommets jamais égalés. Rappelant qu'il a récemment rendu publique une liste nominative de 18 journalistes condamnés au cours de la seule année 2005 à de lourdes peines de prison, le Comité Benchicou pour les libertés réitère sa vive inquiétude de voir ces journalistes, probablement d'autres aussi, connaître dans les prochains jours le sort de Larabi, et avant lui de Benchicou qui croupit en prison depuis près de 20 mois. Tout en alertant l'opinion interne et internationale sur les dérives liberticides avérées du régime algérien, le comité Benchicou exhorte les journalistes algériens à se ressaisir pour faire face ensemble au harcèlement sauvage dirigé contre eux. Le Comité Benchicou pour les libertés appelle, par ailleurs, les organisations professionnelles ainsi que les ONG de défense des journalistes dans le monde à une solidarité concrète avec les journalistes algériens aux fins de les aider à obtenir la nécessaire abrogation des articles du code pénal relatifs à la presse, utilisés sans vergogne par le régime algérien pour tuer en toute “légalité” le métier d'écrire.”