Les orateurs ont battu en brèche le rapport de la Banque Mondiale concernant le système de retraite algérien, “pénalisant” selon l'institution financière. La Banque mondiale a publié dernièrement un rapport sur les régimes de retraite en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Pour saisir “la portée” des propositions de réformes contenues dans ce rapport, la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR/UGTA) a initié, hier, à l'hôtel El-Kettani (Alger) une journée d'étude consacrée à la question des retraites, en comparant les deux systèmes en vigueur dans le monde : le régime de retraite par répartition et celui par capitalisation. Dans son exposé, Mohamed Aouissi, ancien cadre supérieur de la caisse de Sécurité sociale (Cnas), a informé que le problème soulevé par la Banque mondiale se pose en termes de “mode de financement”. Autrement dit, le système de retraite par répartition, qui s'appuie sur “la solidarité” des salariés, serait “pénalisant” et seul “le système de capitalisation résoudra les déficits financiers et permettra la relance économique”. Cet argument, qualifié de “trompeur”, n'est pas partagé en totalité ou partiellement par de “nombreux spécialistes mondiaux”, a prévenu M. Aouissi. Selon lui, le système par capitalisation, contrairement au régime par répartition, “ne permet pas l'indexation des pensions sur les salaires”. Pis, il n'assimile pas “les périodes de chômage, d'accidents de travail, de maternité”, a-t-il ajouté. Pour l'intervenant, le déficit du régime de retraite en Algérie a pour origine “les difficultés de recouvrement” de la caisse de retraite et la “politique imposée pour réduire les effectifs des entreprises publiques”, ainsi que “la faiblesse de la création d'emplois”. L'ex-cadre de la Cnas a plaidé pour “davantage de responsabilité” à donner aux gestionnaires, qui représentent travailleurs et retraités, “dans le respect de l'autonomie des organismes” de Sécurité sociale. Une proposition tributaire, d'après lui, de l'adaptation de “l'organisation à l'exercice exclusif de la mission des caisses”. De son côté, Mohamed Idri, conseiller au ministère du Travail, a laissé entendre que “dès le départ, on est en face de choix économiques”. Il a noté que le système par capitalisation comportait des “avantages” tels que, notamment la “maîtrise” par chacun de son avenir et donc de sa vieillesse, l'accroissement du “volume de l'épargne globale”, la stimulation de “la compétitivité” et la possibilité de répondre aux “défis posés par la démographie et l'accroissement considérable du nombre de retraités dans le monde”. M. Idri a cependant retenu que pour ce type de système de retraite ni “la garantie des retraités” ni l'“effet bénéfique permanent sur l'économie” ne sont sûrs. L'examen des différents modèles de régimes de retraite, européen, américain, russe, chilien et suédois, a fait dire au conférencier qu'“il n'y a pratiquement pas au monde un seul système où il n'y a pas cohabitation des deux systèmes”. Ce qui importe pour le conseiller du ministère du Travail, c'est de “concilier la rigueur économique et la solidarité nationale pour un même objectif, sauvegarder les systèmes de retraite et assurer un revenu décent aux vieux travailleurs”. Au cours du débat, les participants ont soulevé beaucoup de questions se rapportant, entre autres, à la situation “déplorable” des retraités algériens, aux conséquences du “travail informel” sur les caisses de Sécurité sociale et de la nécessité d'être associés au débat sur “les réformes économiques”. Concernant la position de l'Algérie par rapport aux propositions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, Abdelmadjid Azzi, SG de la FNTR, a déclaré qu'elle était bonne. “L'Algérie n'est pas dans une position de faiblesse pour que le FMI nous impose un modèle. Le danger guette l'avenir. La question se pose en ces termes et en termes de capacité de défendre le système de retraite actuel par répartition”, a-t-il précisé. H. AMEYAR