Cité dans le dernier rapport de la Banque mondiale consacré au régime des retraites dans les pays de la région Mena, le système algérien des retraites sera à terme, s'il l'on en croit l'institution financière, en proie à une grave crise de financement. Pis, l'Algérie, ajoute le rapport, « n'a toujours pas pris conscience du problème et n'est pas disposée à agir ». L'heure est donc au changement, recommande la banque, qui avertit en même temps que « si des mesures ne sont pas prises aujourd'hui, il sera trop tard par la suite, car il faut du temps pour qu'une réforme déploie tous ses effets ». Il est certain que le débat en Algérie autour de la réforme du régime des retraites reste timide eu égard notamment à la sensibilité du sujet, mais d'aucuns, qu'ils soient du côté des pouvoirs publics où du partenaire social, ne songent pas à changer le système actuel de retraites en Algérie basé sur le principe de la répartition. Dans l'un de ses entretiens qu'ils nous a accordé, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), Abdelmadjid Azzi, tout en reconnaissant la subsistance des problèmes au sein de notre régime de retraites actuel, écarte toute idée de son changement. C'est le cas également du côté des pouvoirs publics qui, par le biais du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, affirment leur attachement au régime par répartition. « La pérennité du système actuel de retraites et la préservation de ses équilibres financiers sont un objectif que nous partageons avec tous les partenaires socioéconomiques », a déclaré le ministre lors d'une journée d'information sur les procédures de la mise à la retraite. Basé sur la solidarité entre les générations et la solidarité professionnelle, le régime algérien de retraites dit à répartition est un système, note la FNTR, « hors de danger ». Pour pallier le problème de financement, la source d'inquiétude chez la Banque mondiale, la FNTR a appelé, lors de son congrès tenu en juin dernier, à la constitution d'un « fonds de réserve de retraite indispensable à la pérennisation du système national de retraites et de garantir le paiement régulier et à terme des pensions ». Elle revendique également « la création d'une caisse de recouvrement chargée de l'affiliation, du contrôle et du contentieux qui sera gérée par un conseil d'administration et d'affranchir de l'impôt sur le revenu global toutes les pensions inférieures à 15 000 DA et de fixer un taux raisonnable de 15% pour toutes les pensions supérieures à celui-ci ». Le recouvrement des cotisations est, d'après M. Azzi, à l'origine des problèmes financiers auxquels fait face notre système de retraites. « Quelque 40% des travailleurs ne cotisent pas à la sécurité sociale, soit presque 1,5 million de travailleurs. En mettant à contribution cette dernière partie des travailleurs, le système pourra améliorer les prestations servies aux retraités et aux assurés sociaux. » Il ajoutera, par ailleurs, que « le système en lui-même n'est pas en danger parce que la situation dans laquelle on se trouve est au plus bas sur le plan économique et sur le plan emploi. En dépit des 500 000 emplois qui ont été supprimés à la suite du plan d'ajustement structurel, nous avons quand même un équilibre et avons dégagé des excédents. Nous avons des possibilités demain, dans le cas d'une relance économique, que le système reçoive énormément de cotisations. Il faut d'abord commencer par faire la chasse au travail au noir. »