Les fellahs de la wilaya de Annaba sont particulièrement inquiets pour leur avenir à telle enseigne que certains ont tout simplement abandonné leurs terres pour se tourner vers d'autres activités “afin de pouvoir nourrir leurs familles”, a déclaré dernièrement le président de l'UNPA. En effet, le premier responsable de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) a relevé, au cours de cette rencontre, de nombreuses contraintes auxquelles ils doivent faire face. Leur première préoccupation est l'absence de réseaux de drainage des sols à la suite des grandes pluies ou des inondations, comme celles qui ont envahi leurs terres depuis ces quatre dernières années, mis à part l'initiative de drainage “très superficiel” qui a eu lieu pour la campagne 2002-2003, où les fellahs ont été dédommagés d'une somme globale de 3 milliards 600 millions de centimes, jugée à l'époque très en-deçà de la couverture des dégâts occasionnée par les inondations. Cette opération s'était limitée, selon les paysans, à un simple raclage des eaux de surface, ce qui n'a pas satisfait les intéressés, qui réclament l'aménagement d'installations durables pour résoudre le problème. A chaque occasion, cette importante question revient en tête des revendications des paysans, mais il semble qu'aucune solution définitive n'ait encore été prise par les responsables du secteur. “L'eau de pluie stagne sur les terres d'El Bouni, Hadjar, Chorfa, El Eulma, et la situation s'aggrave à chaque lâcher des eaux des barrages de Bounamoussa et de Guelma par les services de l'hydraulique. Il n'y a pas de conduites pour charrier les eaux vers les rivières et assécher les sols pour nous permettre de travailler la terre”, déclare un paysan. Le responsable de l'UNPA ajoute que “les nombreuses pétitions et rapports adressés sur le sujet aussi bien aux autorités locales qu'au ministère de tutelle n'ont eu aucun écho”. “Nous sommes abandonnés à notre sort”, affirme un paysan. Autre préoccupation des fellahs de Annaba, le paiement des droits de jouissance des terres domaniales, dont certains reliquats remontent à 1987. Des sommes jugées “énormes et exagérées par rapport au revenu réel du fellah” qui doivent être payées cash, et qui se situent pour la plupart dans une fourchette de 70 à 170 millions de centimes. Les paysans, par la voix du représentant de l'UNPA, demandent qu'on leur établisse un échéancier de paiement, déplorant le fait que certains de leurs collègues soient devant la justice pour non paiement. “Nous ne refusons pas de payer, mais nous demandons des mesures de facilités pour nous acquitter des sommes qui nous sont réclamées. C'est la seule possibilité pour nous de régulariser cette situation.” La précarité du niveau de vie du paysan serait aussi liée, selon les déclarations de ceux d'entre eux versés dans la production de la tomate industrielle, au fait qu'ils seraient soumis à un “véritable diktat” de la part des transformateurs, dont certains ont fermé leurs usines. “A chaque livraison, on nous déleste de la moitié de nos chargements jugés impropres à la consommation, alors que nous savons que ces quantités sont reversées dans le circuit de production”. “A prendre ou à laisser, telle est la politique de la plupart des transformateurs, et nous n'avons d'autre alternative que de nous soumettre à cette condition.” D'autres révèlent n'avoir pas été payés depuis trois ans par les transformateurs. Hafiza M.