Belkhadem est revenu à la charge. Il se démarque de la déclaration de Ouyahia sur l'“illégitimité” des revendications salariales en la lui faisant assumer comme position personnelle. C'est Sidi-Saïd qui sera bien embêté : devra-t-il faire semblant de n'avoir pas entendu la sentence du Premier ministre ou sera-t-il tenté de glisser vers l'attitude du ministre représentant personnel du président de la République ? Après cela, comme après la discorde sur l'opportunité d'une révision constitutionnelle, on nous rassurera que, tout de même, l'alliance va bien. En d'autres termes, on nous invite à comprendre les démarches contradictoires, voire opposées des uns et des autres et prendre note, en même temps, de la stabilité de leur coalition. La guerre est déclarée, mais il ne faut pas le dire. C'est à la presse de trouver la prudente formule pour couvrir le conflit entre le FLN et le RND et apprécier, pour le compte de l'opinion publique, le sens des responsabilités d'une coalition qui cultive la cohésion gouvernementale. Chez Belkhadem, on ressent comme une ardeur à en découdre avec celui qui fut, dans des circonstances précises, le parti de substitution au parti unique. De son côté, le leader du RND réagit par un message de stabilité : pas de changement de Constitution ; pas de changement de gouvernement ; pas de soumission à la pression sociale… Le premier a une raison supplémentaire de s'impatienter : les adaptations organiques du FLN ont toujours constitué un des moyens de résoudre les conflits claniques au sommet. Et s'il se pose en détenteur du programme du Président, c'est peut-être pour conforter son statut de patron du premier parti du pouvoir, avant d'affirmer son ambition contre la concurrence extérieure. Ce faisant, Belkhadem, même s'il s'en défend indirectement lorsqu'il dénonce les opportunismes qui se sont manifestés pendant l'hospitalisation du Président, nous met dans une atmosphère d'entre deux régimes. Bouteflika assumera peut-être la suite de son mandat, et même plus. Mais la compétition inavouée entre les deux chefs de parti, outre qu'elle nous met dans une atmosphère de transition, ne peut que traduire l'existence d'une problématique d'évolution du régime. L'opposition, de moins en moins amortie, entre les leaders des deux partis de l'alliance présidentielle préfigure d'une restructuration, à brève ou à plus longue échéance, du pouvoir. On ne s'agite pas sans raison, là-haut. Ce n'est peut-être que la partie visible de mouvements plus larges dans la sphère complexe du pouvoir. Mais voilà, on ne nous dira pas tout. On nous demande, pour le moment, d'enregistrer ce qu'on veut bien nous exposer d'enjeux qui, pourtant, sont censés concerner tous les Algériens. Pour le fond du problème, on nous consultera plus tard. Quand il s'agira de plébisciter l'issue d'un débat qui nous échappe. M. H.