C'est désormais un constat médical bien établi. Le cancer du larynx ne cesse de prendre de l'ampleur et constitue certainement l'une des plus grosses préoccupations de la santé publique en Algérie. Un tel constat, qui vient d'être aisément confirmé par de nombreux spécialistes en ORL (Otorhinolaryngologie) lors des 10es journées médicochirurgicales du CHU Issad-Hassaine de Beni Messous (Alger) ne peut qu'interpeller les pouvoirs publics pour une meilleure prise en charge de cette pathologie qui exige désormais de plus gros moyens matériels et financiers et des structures plus appropriées. Selon le professeur Omar Zemirli, coordinateur de ces 10es journées médicochirurgicales, “le cancer du larynx, qui était jusque-là répandu chez les personnes âgées entre 55 et 65 ans, touche malheureusement de plus en plus les moins de 40 ans, d'où la nécessité de tirer la sonnette d'alarme pour réfléchir sur une meilleure prise en charge d'une telle maladie même chez les jeunes sujets”. Toujours selon le professeur Zemirli, “la fréquence de la maladie est de 4 à 5% et occupe désormais la 7e position dans la classification des différents cancers mais, il faut bien admettre aussi que la femme n'est pas du tout épargnée dans la mesure où elle est touchée selon un taux estimé à 0,3%”, dira encore le professeur Zemirli. Bien évidemment, notre interlocuteur nous rappellera, à l'occasion, que “le tabac, en premier lieu, puis l'alcool” sont les facteurs à haut risque de la maladie, ce qui nécessite davantage de campagnes d'information et de sensibilisation en direction de toutes les tranches d'âge et de toutes les couches sociales. Au-delà du souci de prévention, le professeur Zemirli estime que “le cancer du larynx est une pathologie lourde qui exige d'énormes moyens matériels et financiers alors que sa prise en charge est pluridisciplinaire car elle implique plusieurs spécialités dont l'ORL en premier lieu mais aussi l'imagerie médicale, l'anatomopathologie, la chimiothérapie, la radiothérapie, l'anesthésie, l'orthophonie, la psychologie et la kinésithérapie”. Par ailleurs, il est bien admis que le pronostic du cancer laryngé est souvent délicat et que son opération n'est guère une mince affaire dans la mesure où “l'acte chirurgical nécessite plusieurs heures, voire même une journée d'intervention chirurgicale rigoureuse et précise”, nous confiera encore le professeur Omar Zemirli. Et si cette maladie exige de gros moyens matériels et financiers, de nombreux spécialistes en ORL présents à ces 10es journées médicochirurgicales de Beni Messous ont relevé l'insuffisance des capacités d'accueil des malades à l'échelle nationale tout en estimant que les principales structures sanitaires spécialisées pour le cancer du larynx, soit les CHU de Annaba et de Constantine pour l'est du pays, Oran et Tlemcen pour l'ouest et Alger et Blida au centre, doivent être dotées en toute urgence de moyens matériels adéquats, notamment en imagerie médicale tels que le scanner et l'IRM. Enfin, les nombreux participants à cette rencontre de Beni Messous ont souhaité la mise en place d'un système de collecte d'informations et un dispositif d'évaluation des activités des différents services ORL en matière de prise en charge du cancer du larynx pour suivre tel qu'il se doit l'évolution de cette pathologie dans notre pays et adapter, ainsi, toute une batterie de stratégies pour lutter contre un fléau qui ne cesse de prendre de l'ampleur. M. HOCINE