Le va-et-vient du directeur du défunt Le Matin, Mohamed Benchicou, entre la prison et le tribunal d'Alger n'en finit plus. Pour la troisième fois successive, la chambre correctionnelle près le tribunal d'Alger a reporté, lors de sa séance d'hier, 4 affaires où Benchicou et d'anciens journalistes du Matin (Youcef Rezzoug, Hassan Zerrouki, Sid-Ahmed Semiane, Amel Boumediene et Yasmine Ferchouche) sont incriminés suite à des plaintes déposées par diverses parties. Ainsi, les deux affaires où la partie plaignante n'est autre que le ministère de la Défense nationale (MDN) sont reportées pour les 1er et 12 avril. Pour ce qui est des deux autres, dont les plaignants sont l'homme d'affaires émirati Al-Shorafa et le ministre de l'énergie et des Mines Chakib Khelil, elles sont aussi renvoyées respectivement aux 9 et 12 avril prochain. Un des avocats de Mohamed Benchicou, Me Benarbia, a piqué une colère noire après tant de renvois et a eu une prise de bec avec le juge. “Comptez combien de fois vous ramenez ici mon client pour prononcer ensuite le renvoi. Vous n'êtes pas au-dessus de la loi. L'affaire est tout à fait claire, prenez une décision !” s'est emporté Me Benarbia s'adressant au juge. Celui-ci lui rétorque : “Ce n'est pas là un comportement d'avocat. Si vous voulez créer une polémique, sachez que je ne suis pas un homme à problèmes.” Au final, le juge s'est montré toutefois quelque peu clément en déprogrammant une des affaires dont le procès devrait avoir lieu le… 3 mai. Une clémence qui est loin d'apaiser la colère de Me Benarbia. À la sortie de la salle d'audience, il s'est de nouveau emporté : “C'est un déni de justice, une violation du droit de l'accusé. C'est le cheminement droit de ceux qui ont fabriqué ces affaires. Le mépris continue.” D'autres affaires sont inscrites à la séance d'hier de la chambre correctionnelle et seront toutes ajournées. Celle opposant les journaux El Khabar et El Watan à la DGSN est reportée au 3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse. Une consolation tout de même : Benchicou a bonne mine. En entrant hier à la salle des audiences au milieu de détenus, jeunes pour la plupart, il a affiché un large sourire tout en faisant de ses deux doigts le signe V de la victoire. En prison depuis le 14 juin 2004, il ne lui reste que 4 mois pour qu'il soit enfin libéré. A. C.