Parmi les 36 communes de la wilaya de Aïn Defla, toutes à vocation agricole, seule celle de Hammam Righa se targue de disposer d'une vocation annexe, le tourisme. Hélas, ni le tourisme ni l'agriculture n'ont pu faire acquérir à cet endroit pittoresque le développement adéquat tant espéré par une population encore rongée par un chômage de plus en plus rampant. Rendue célèbre par sa station thermale due à une source datant de l'époque d'avant-Jésus-Christ et découverte par hasard par les romains qui l'appelèrent Aquae Calida, qui veut dire eau chaude en latin, de sorte qu'ils en firent une caserne pour les soldats romains qui venaient se prélasser dans des fosses. Par la suite, ils ont commencé à réaliser des sortes de baignoires qui, au fil du temps, ont donné naissance à ce pôle touristique bien prisé par tous les occupants y compris les Turcs et les colons français. Complètement déserté pendant la décennie noire, la station reprend du service et connaît une grande affluence. Ce qui devrait pousser les responsables locaux à lancer des travaux de réfection et de réaménagement. En effet, le complexe nécessite une mise à niveau selon le standard international et il lui faudrait un budget de plus de 40 milliards de centimes pour le rendre compétitif. Sa capacité d'accueil est de 800 lits pour 112 bungalows, 30 appartements et un hôtel de 30 chambres. Il dispose de 3 restaurants pouvant assurer 780 repas à la carte ou service rapide, cafétérias, blocs sanitaires et 51 baignoires, 8 piscines, une autre semi-olympique et 3 bains traditionnels, Belle-Vue, Baraka alors que celui du Mont-Rose, fermé depuis le séisme de Chlef qui a détruit complètement le grand hôtel, attend toujours sa reconstruction. La renommée de Hammam Righa est due essentiellement à ses bains traditionnels qui sont entourés par des bicoques, des commerces, des restaurants, des cafés conçus archaïquement donnant une image de bidonvillisation au site. La clientèle vient surtout des wilayas limitrophes (Blida, Médéa, Tipasa, Alger, Chlef) et de tous le pays vu la renommée des bienfaits de la thérapie de l'eau des sources de ce hammam et certaines croyances. Certaines femmes viennent pour guérir de la stérilité et les exemples foisonnent tellement sans que les spécialistes puissent l'attester. La deuxième croyance est relative aux personnes possédées par des djinns, qui soi-disant ont été guéris en observant le rituel de l'égorgement d'un coq au niveau de la source mère de Hammam Righa pour évacuer le djinn ou les maléfices ; ces malades doivent abandonner la volaille égorgée ou la distribuer aux pauvres, selon la prescription d'un taleb moyennant payement bien sûr. Mais la plupart viennent pour le bienfait de l'eau sulfatée et pour les soins pratiqués comme en témoigne le haut pourcentage des assurés de la Cnas qui y viennent à cause des affectations rhumatismales, traumatiques, cardiovasculaires, rénales et urinaires, dermatologiques ainsi que pour la rééducation fonctionnelle. Hammam Righa renaît à l'image de l'affluence enregistrée chaque week-end où les voitures circulent pare-choc contre pare-choc, des familles pique-niquant dans l'ombre des arbres, des troupes de zorna amusant les jeunes tout en improvisant des danses sans omettre de boire de l'eau gazeuse naturelle de la source de Aïn El Karsa sur le chemin du retour.Ce paradis à 100 km d'Alger mérite plus d'attention et l'intervention des hautes autorités pour lui rendre son aura perdue durant la décennie noire. MOHA B.