Après la victoire arrachée par leur équipe, face à la Côte-d'Ivoire, les égyptiens ont envahi les rues d'Oum Eddounia. La fête a duré toute la nuit. Ambiance. Vendredi 10 février, 13 heures. Le Cairo International Stadium affiche déjà complet. Le match, opposant l'Egypte à la Côte-d'Ivoire, ne commence qu'à 18 heures, mais la fête est bien partie. Dans la rue, dans les gradins, la même ambiance y est. Jeunes, moins jeunes, couples mariés, couples tout court, des universitaires filles et garçons, des mamans et même des grands-mères et leurs enfants sont de la partie. Sur les routes qui mènent vers le stade, se déploient les cortèges des supporters aux véhicules collés les uns aux autres avec, bien entendu, des pancartes et des drapeaux aux couleurs rouge, marron, bleu. D'ailleurs les mêmes couleurs figurent sur les billets, et ce, pour servir de guide aux citoyens et permettre de mieux canaliser les milliers de Cairotes venus supporter l'équipe nationale. C'est aussi une marque d'organisation parfaite. Les détenteurs de billets première classe sont priés de prendre la rue Salah-Salem pour rentrer par la mosquée Al-Rachdane. Ceux de la deuxième classe prennent le chemin de l'autostrade et pénètrent du côté du club Al-Zohour, quant à ceux de la troisième classe, ils s'y rendent par la rue Salah-Salem en face de l'estrade. À l'entrée du stade, les services de sécurité filtrent les supporters. Pas d'objet tranchant, pas de bouteille de verre ni de manchon de drapeaux en bois ne sont tolérés. Dans les gradins, des vigiles sont aux aguets. Mais pour cette rencontre au sommet, des billets qui coûtent 300 livres sont vendus au marché noir à 600 livres. “Vous devez me laisser passer moi et mes deux bambins, j'ai payé les tickets trop cher pour ne pas pouvoir regarder le match”, s'écrit un père, la quarantaine passée devant le policier qui lui interdit de s'asseoir dans l'espace réservée aux délégations étrangères et notamment aux principaux sponsors de cette 25e édition de la Coupe d'Afrique des nations. Le policier supplie le bonhomme d'aller chercher des places ailleurs. “Ne faites pas de scandale, on nous regarde”, lance l'agent face à l'entêtement de la personne. Ce dernier parvient quand même à se frayer un chemin difficilement et trouver des places en compagnie d'une dizaine de familles venues nombreuses suivre le match. Aux environs de 17 heures, tous les coins et recoins du stade sont occupés. Drapeaux non seulement égyptiens et ivoiriens, mais aussi le nôtre, le drapeau algérien. Des concitoyens en déplacement au Caire pour l'occasion ou ceux résidant n'ont pas voulu rater l'opportunité d'assister à cette finale de la Coupe d'Afrique. Le décor est ainsi planté. Chapeaux, maquillage, hymne national chanté à tue-tête, banderoles écrites en arabe ou en anglais, les supporters se défoulent en attendant le début de la partie dans le respect d'autrui, de la dignité et du civisme. On y voit des jeunes filles venues seules et des femmes avec leurs bébés sans qu'elles se voient inquiétées ou agressées du regard. Aucune vulgarité ni mot déplacé ne sont lancés durant tout le match ; tous implorant Dieu de donner la victoire à l'Egypte. Ici, même la presse locale voit d'un bon œil cette évolution de la société. L'entrée de la femme au stade, un espace réservé jusque-là à la gent masculine, prouve l'esprit de tolérance qui règne au sein de la communauté égyptienne. La victoire des Pharaons a fait en sorte que la fête se poursuive jusqu'à l'aube. La liesse est partout. Dans les grands boulevards, les ruelles et les petits quartiers. Encore une fois la victoire se fête en famille. Tout le monde est dehors. Ici, au Caire, les habitants sont habitués à la vie nocturne, et ce d'autant plus que le football est considéré comme “une seconde religion” par tout Egyptien qui se respecte. S. T.