Manifestations de joie en Algérie et à l'étranger Le dimanche 7 juin 2009 restera une journée mémorable chez le peuple algérien après le large succès des Verts face aux Pharaons d'Egypte au stade Mustpaha-Tchaker. Une victoire du nif algérien comme n'ont pas cessé de dire les supporters des Verts qui ont enfin réussi à oublier le cinglant naufrage du Cairo Stadium du 11 mars 2001. Il faut dire que tous les présents au stade Tchaker sont unanimes à penser que c'est une soirée historique que celle qu'ils ont vécue à Blida. Les plus âgés sont même allés plus loin, en disant que ce match leur a rappelé la belle époque du football algérien, celle des Madjer, Belloumi, Assad, Menad et tous les autres. 21h55, début des festivités Quelques minutes après le début de la seconde période, les nombreux inconditionnels des Verts qui ont envahi les gradins du stade Tchaker ont commencé à s'impatienter. «Qu'est- ce que c'est que ça ? Ce n'est pas normal ! On ne reconnaît pas notre équipe», lançaient les supporters à partir des gradins. Eh oui, ils étaient bien en colère les supporters algériens en voyant le rendement moyen des joueurs qui ne voulaient pas prendre beaucoup de risques en première mi-temps. Mais soudain, vint cette mémorable 60'. Il était 21h55 pile lorsque l'attaquant du Borussia Mönchengladbach, Karim Matmour, s'infiltre dans le camp égyptien et profite d'une hésitation de la défense adverse pour lancer un bolide à ras de terre en direction du poteau gauche d'El Haddary. But ! L'équipe nationale vient d'ouvrir le score. A ce moment-là, c'est l'explosion de joie dans les gradins. Plus d'une dizaine de fumigènes embraseront quasi simultanément l'agora de Blida, et ce, malgré les directives formelles des autorités quant à l'accès de ces objets aux gradins. Dans les tribunes, c'était l'exultation. On n'arrivait pas à y croire. «C'est le but ! C'est la délivrance !», criait-on à l'unisson. Ghezzal et Djebbour enflamment l'ambiance Mais la fiesta, au grand dam des Egyptiens, ne s'arrêtera pas là. L'armada emmenée par le battant Abou Trika, le vaillant Amr Zaki et l'intrépide Ahmed Hassan sera joliment invitée peu après à baisser pavillon. D'abord par l'entremise de Ghezzal, trois minutes plus tard, d'une belle tête piquée puis par Djebbour qui, au prix d'un grand sang-froid, donnait le coup de grâce à Al Haddary et ses camarades. Le bonheur est à son comble. On n'en croit pas ses yeux tellement les Verts ont paru hors du coup en première mi-temps, du moins pas en mesure de damer le pion aussi somptueusement à une équipe d'Egypte venue, dixit Shehata, faire un résultat. «Trois buts passés à l'Egypte, incroyable ! Mais qu'est-ce que Saâdane nous a servi là !», entendait-on dans les tribunes de Tchaker. Après, c'est tout naturellement que les «One two three viva l'Algérie» fuseront à volonté des gradins. Et le but de Abou Trika n'y changera absolument rien. Les Algériens étaient devant un grand moment de football. 22h30, Blida explose de joie Il est 22h30 lorsque l'arbitre sud-africain Danniel Bennet met fin à ce sommet qui aura, le moins qu'on puisse dire, tenu toutes ses promesses côté algérien avec ce beau score de trois buts à un. A ce moment-là, le peuple algérien défile dans toutes les rues du pays pour fêter ce succès historique. «On est les meilleurs ! Ni Abou Trika ni Amr Zaki", lançaient les supporters. A la sortie du stade, la joie est prolongée de plus belle. L'ambiance chauffe jusqu'à atteindre le point d'ébullition. Plus loin, au cœur de la ville des roses, les processions de voitures sont déjà dehors. L'emblème national dans toutes les mains et les chants à la gloire de l'EN embellissaient le tableau en cette soirée chaude d'été. Sur le chemin d'Alger pour ceux nombreux qui se sont déplacés à partir de la capitale, le décor était planté. Pas un pan de route n'est libre sur bien des kilomètres. Et cela vaut aussi bien pour les processions de voitures que pour ces autres marcheurs contraints de faire le trajet à pied faute de transports. «Après une victoire par trois buts à un face à l'Egypte, on est prêts à aller jusqu'à Tamanrasset à pied. Maintenant, c'est le moment de faire la fête», nous confient des supporters arrivés de Constantine la veille. Alger ne dort pas Juste après le coup de sifflet final, toutes les rues d'Alger, qu'on se positionne du côté de Bab El Oued ou des communes limitrophes à l'ouest, vers le centre et plus à l'est jusqu'à El Harrach et Rouiba ou même sur les hauteurs comme à El Biar, dans la Ben Aknoun voisine jusqu'à Chéraga, Draria et Saoula, sont envahies par de gigantesques marées humaines sorties fêter un événement que personne n'oubliera de sitôt. L'EN venait d'offrir une splendide victoire à tout un peuple. Personne ne dégagera la voie avant trois heures du matin. Les gorges algéroises sont tout acquises au fol espoir que leur donne cette victoire en scandant à tue-tête et drapeaux déployés qui «Vive l'Algérie», qui «Mondial ya Saâdane» et qui encore «Nous sommes meilleurs qu'eux». «Une victoire contre l'Egypte, ça s'est toujours fêté» On se souvient tous de cet Algérie- Egypte en Coupe d'Afrique à Sousse et de ce magnifique but que Achiou inscrivait au prix d'une belle échappée en solo. On se souvient aussi que l'Algérie entière, à côté de tous ceux partis à Sousse accompagner l'EN dans son aventure, fêtait l'événement avec une aussi grande ferveur. Hier, un groupe de supporters nous en faisait le commentaire : «Il n'y a qu'une victoire face à l'Egypte qui fasse sortir le peuple algérien dans les rues pour faire la fête. Les battre a toujours laissé une saveur particulière. Ils parlent trop et ils continuent de le faire jusqu'à maintenant.» «80 millions d'Egyptiens ne dormiront pas» Les amoureux de l'EN égyptienne, autant dire le peuple égyptien en entier, étaient sous le choc avant-hier suite à la cinglante défaite infligée par les Verts à Abou Trika et consorts. Sans être cyniques à l'extrême, des supporters rencontrés du côté d'El Biar taquineront à distances leurs semblables égyptiens : «Aujourd'hui, 80 millions d'Egyptiens ne trouveront pas le sommeil.» Sétif et Annaba aussi A l'est du pays, les défilés ont duré également jusqu'à une heure tardive de nuit de dimanche. A Sétif, ils étaient nombreux à se rassembler dans l'esplanade de la ville pour suivre cette rencontre sur écran géant. A la fin de la rencontre, les défilés ont commencé à grossir à travers toutes les rues. Idem pour Annaba, connue pour son soutien indéfectible à la sélection nationale. A Oran, on n'attendra pas le coup de grâce de Djebbour A l'image des autres régions du pays, la capitale de l'Ouest a connu des scènes de joie indescriptibles dans la soirée de dimanche. D'ailleurs, les sons des klaxons et des youyous ont commencé à faire rage dès après le deuxième but signé Ghezzal. Ni la grande rue Larbi Ben M'hidi, ni le boulevard front de mer, ni le grand rond-point du centre-ville ne sont épargnés par les nombreuses processions qui y marquent un long avant de reprendre de plus belle leur splendide tour de la ville toujours chants à l'honneur des Vert à la bouche et drapeaux algériens à la main. Comme pour les autres villes, Oran ne dormira que l'aube venue. Des ressortissants algériens bouclent un gros périmètre à Montréal Dans un journal télévisé diffusé sur une chaîne canadienne, le présentateur a annoncé qu'un groupe de supporters algériens a littéralement fermé l'accès d'une route à Montréal pour célébrer la victoire de l'équipe nationale de leur pays face à l'Egypte. Une manière de faire qui a laissé plus d'un Canadien sans voix tellement de ce côté du globe on a pris l'habitude de ne recevoir d'écho de scènes de liesse aussi magnifiques que d'Amérique latine. Sur une autre chaîne, on n'a pas pris de pincettes pour comparer le public algérien aux supporters italiens et espagnols. Marseille ou les fumigènes de la 49e wilaya A Marseille, les préparatifs de ce match ont commencé très tôt ce dimanche. Les Algériens qui résident dans cette ville ont préféré suivre la rencontre sur des terrasses ou à l'intérieur des cafétérias comme Flac-Anis ou court de Belzunce où l'on a enregistré une affluence record à l'occasion. Certains de nos ressortissants n'ont pas eu la chance de suivre ce match en direct tellement les places, même debout, étaient toutes prises dans les cafétérias. A la fin de la rencontre, les supporters des Verts ont littéralement envahi le Vieux Port et la Canebière. Certains étaient déjà sur place. Toutes les catégories d'âge et des deux sexes étaient là pour célébrer dans la joie et la liesse, qui avec des drapeaux algériens, qui avec des fumigènes, la victoire historique de l'EN algérienne. La fête durera jusqu'à 4 heures du matin. On signalera tout de même quelques anicroches isolées avec les forces de l'ordre A Londres, les bobbies anglais groggy Londres l'anglaise n'est pas en reste concernant la célébration par les ressortissants algériens de cette éclatante victoire face à l'Egypte en cette soirée de dimanche qui restera gravée dans toutes les mémoires. Ainsi, Finsbury Park, un des fiefs algériens à l'intérieur de la capitale anglaise, était complètement en effervescence. Une cafétéria qui a pour nom «La Roma» a été envahie par une véritable marée humaine une heure avant le coup d'envoi. Juste après la fin du match, les Algériens ont commencé à célébrer cette victoire dans les rues de Hundjwer Road, en ne manquant pas de taquiner leurs voisins égyptiens sous le regard ébahi de la police locale. Aux Etats-Unis, on a risqué sa place même Aux Etats-Unis, on a préféré quitter son poste au boulot, avec les risques que ce genre de comportement engendre pour ses auteurs, juste pour ne pas rater cet Algérie-Egypte. En effet, un groupe d'Algériens naturellement supporters de l'EN a déserté chacun de son lieu de travail pour aller se regrouper dans une maison sise dans le quartier de Manhattan et suivre ce rendez-vous tant attendu «en famille». En fin de match, ce groupe d'amis n'a pas manqué d'aller chambrer des Egyptiens habitués d'un café mitoyen tenu par un de leurs compatriotes. Cela dit, tout le monde était fair-play. Hamza Rahmouni