Le ministre du Commerce a, par ailleurs, annoncé le renforcement des contrôles aux frontières pour lutter contre les pratiques frauduleuses dans les opérations du commerce extérieur. Le nombre d'importateurs recensés en Algérie est passé de 32 000 en 2004 à 23 000 durant l'année précédente. Il semble que les effets de l'application de l'article 13 de la loi de finances complémentaire pour 2005, qui oblige les importateurs à se constituer en personne morale avec un capital minimum de 20 millions de DA, commencent à se faire sentir. Il a été recensé quelque 601 vrais exportateurs uniquement sur 32 000 opérateurs activant dans l'import-export. Le reste demeure des importateurs. Au 26 décembre 2005, plus de 9 200 importateurs, qui ne se sont pas constitués en société, ont arrêté leurs activités. Ce sont là les quelques statistiques avancées par le ministre du Commerce, M. Djaâboub, au cours du forum de l'ENTV. Cet article, avouera le ministre, ne peut être une entrave aux règles de l'OMC ni au commerce extérieur. Le capital de 20 millions de DA exigé se veut en revanche, indiquera-t-il, un atout qui garantira l'assainissement dans cette filière dite d'import-export. En termes plus clairs, ce montant servira de garant pour le fournisseur qui traitera avec cet importateur. Les chiffres de M. Djaâboub indiquent qu'avant la fin de l'année 2005, le nombre de commerçants inscrits au registre du commerce était de l'ordre de 1 029 000 dont 164 000 producteurs, 14 000 commerçants en gros, 487 000 détaillants, alors que 314 000 autres sont versés dans le secteur des services. Répondant à la lancinante question du secteur parallèle, M. Djaâboub a précisé que la principale cause à l'origine de l'émergence des marchés informels reste l'absence d'espaces commerciaux organisés et officiels en quantités suffisantes. “Il existe une politique de lutte progressive contre ce fléau”, expliquera-t-il. La solution est de proposer une alternative. Il s'agit de la construction par le ministère d'espaces commerciaux aux produits des commerçants. Outre la décision du président de la République d'ouvrir 100 locaux commerciaux par commune, le département de M. Djaâboub compte créer, dans le cadre du programme destiné aux Hauts-Plateaux, des surfaces pour le commerce de gros, des marchés de fruits et légumes, des marchés de proximité afin de lutter un tant soit peu contre ce marché informel qui a donné lieu à une concurrence déloyale qui nuit aux commerçants légaux. Il y a près de deux mois, le gouvernement a élaboré un arrêté qui interdit le paiement cash au-delà d'une somme qui dépasse 50 000 DA afin d'inciter les gens à utiliser le chèque et éviter les mouvements de l'argent. Pour illustrer l'ampleur de ce fléau, le ministre a affirmé que plus de 60% du commerce des fruits et légumes échappent aux circuits officiels. Ces marchandises se vendent en dehors des marchés officiels. “En 2005, il a été recensé 40 marchés de gros, 812 marchés de détail, 699 abattoirs et tueries et 69 pêcheries, 268 marchés de bétail. L'urbanisme commercial reste encore insuffisant !” estime le ministre qui avance que dans le cadre du contrôle de la qualité, les 3 300 agents ont effectué en 2005 quelque 23 000 interventions. Ils ont recensé près de 40 000 infractions et fermé les locaux à 3 450 commerçants. Les exportations hors hydrocarbures ont atteint, selon le représentant du gouvernement, 907 millions de dollars US en 2005, soit 2,4% de l'ensemble des exportations en hausse de 16% par rapport à l'exercice 2004. Malheureusement, l'objectif de 1 milliard de dollars US n'a pas été réalisé. Entre autres principaux produits exportés, on cite les huiles et dérivés, l'ammoniac, les déchets ferreux et non ferreux, l'aluminium, les gaz industriels, les produits alimentaires et le phosphate. Pour la datte Deglat Ennour, il a été produit 200 000 tonnes dont 16 000 tonnes seulement ont été vendues. Le reste de la marchandise reste invendu. Il faut savoir que le marché mondial de la datte est détenu par la Tunisie à raison de 27%, l'Iran à 20% et l'Algérie à 6%. Ainsi, des efforts doivent être fournis en matière de marketing en améliorant le conditionnement… afin de convaincre le consommateur européen à opter pour le produit algérien. Il ne faut pas être utopique car, expliquera l'invité du Forum de l'ENTV, il y a des commerçants qui ont déjà acquis des parts de ce marché et que la concurrence est rude. Avec l'aide de l'Agence pour l'exportation Agex, du FSPE (Fonds spécial pour la promotion des exportations), les ministères du Commerce et de l'Agriculture envisagent d'atteindre un objectif de 20 000 tonnes en 2007. “Si on exporte 500 000 tonnes de dattes à raison de 2 dollars US le kilogramme, on réalisera un montant de 1 milliard de dollars US”, lancera-t-il. Par ailleurs, M. Djaâboub a affirmé qu'il a reçu hier une lettre du DG de l'entreprise du sucre Enasucre lui annonçant l'arrêt des activités de la société. Ses unités sont offertes aujourd'hui à la privatisation. “Si les opérateurs considèrent que les 5% de droits de douanes (DD) appliqués sur le sucre roux, comme matière première, pourraient être un handicap, moi, je dis que 150 000 tonnes de sucre blanc rentrent avec 0% de DD et 450 000 tonnes restantes à 30% de DD. En d'autres termes, le sucre blanc est introduit en Algérie à 23% DD et le sucre roux à 5%. Ceci ne peut être donc un handicap objectif pour arrêter les activités de l'Enasucre”, a-t-il affirmé. Au sujet des caricatures qui ont défrayé la chronique ces derniers jours, le ministre a tenu à préciser : “Le gouvernement algérien n'a pas demandé le boycott des produits danois. Je soutiens en tant que membre du gouvernement la position de l'Exécutif.” Entrée de Cevital À la Bourse de Londres Djaâboub : “Le gouvernement n'y verrait aucun inconvénient” À une question sur la volonté exprimée par M. Issad Rebrab, P-DG du groupe Cevital lors de son passage au forum d'El Moudjahid, tenu la semaine dernière, d'entrer à la Bourse de Londres, M. Djaâboub a déclaré hier à la télévision que le gouvernement, qui croit à l'économie de marché, "n'y verrait aucun inconvénient". Badreddine K.