La logique américaine chercherait à faire de l'ombre à l'Europe, influencée par les calculs des lobbies pétroliers. Peut-on vraiment parler de relations de coopération algéro-américaines ? Oui, si l'on prend en compte l'intérêt manifesté par les Etats-Unis, après l'avènement de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême, en avril 1999. Et si l'on se réfère aux échanges relatifs entre ces deux pays et aux multiples déclarations de hauts responsables américains portant sur “un partenariat solide avec l'Algérie”, voire sur la convergence d'intérêts, notamment en matière de lutte antiterroriste. Pour rappel, notre pays est le premier fournisseur des USA au niveau de l'Afrique du Nord et le deuxième pays d'accueil des investissements américains dans le monde arabe. Seulement, les hydrocarbures occupent près de 90% des 4 milliards de dollars d'investissements américains. Le reste est consacré à l'industrie pharmaceutique (Pfizer, Elli-Lilly et Baxter), aux boissons gazeuses (Coca-Cola et Pepsi cola) et au secteur bancaire (City Bank), ainsi qu'aux secteurs de l'électronique et de la communication. Aux dires des représentants américains, les secteurs attractifs algériens sont, à long terme, ceux des télécommunications, des médicaments et des infrastructures de base. Lors de sa visite à Alger en décembre 2002, le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Proche-Orient, William Burns, a révélé que Washington soutient notre pays dans ses réformes économiques et sa lutte contre le terrorisme islamiste, en indiquant plus loin la finalisation d'un accord sur la vente d'équipements à l'Algérie. M. Burns a également déclaré que les Etats-Unis sont disposés à améliorer leurs relations avec Alger, en s'appuyant particulièrement sur l'initiative Eizenstat sur le libre-échange avec la région du Maghreb, laquelle sera complétée par “le programme d'assistance économique américano-nord-africain”. Au cours du même mois (décembre 2002), le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a annoncé le “soutien technique” de son administration à l'Algérie, dans son processus d'adhésion à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Il a parlé d'un programme destiné exclusivement aux pays du monde arabe, dont l'enveloppe financière s'élève à 29 millions de dollars. Il n'est pas exagéré d'avancer que la position géostratégique de l'Algérie, au double plan africain et arabe, intéresse au plus haut point l'administration Bush. Le rapprochement Etats-Unis-Algérie s'inscrit, en outre, dans une logique d'intérêts dans la région du Maghreb. Une logique qui chercherait à faire de l'ombre à une Europe, plus préoccupée, aujourd'hui, à créer une zone de libre-échange dans l'espace euroméditerranéen et qui serait influencée par les calculs des lobbies pétroliers. C'est peut-être dans ce cadre que s'inscrivent les dernières pressions américaines pour la libéralisation du secteur des hydrocarbures, qui ont suscité polémiques et affrontements entre les partisans et les adversaires de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Même si les responsables de la première puissance mondiale s'en défendent, en mettant en avant les autres opportunités, parmi elles l'aide aux entreprises nationales, en matière de production et d'exportation. H. A.