Mondialisation oblige, tous les Etats redéfinissent leurs alliances selon leurs intérêts nationaux. En moins de trois jours, deux grands hauts responsables américains sont venus s'entretenir avec les responsables algériens dont le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika. En effet, la présente visite du secrétaire adjoint américain de la Défense chargé de la sécurité, M.Peter Rodman, a été précédée d'une autre qui est passée presque inaperçue bien qu'elle ne fût non moins importante. Il s'agit du voyage éclair dans notre pays de M.Tom Harkin, sénateur de l'Etat d'Iowa, et membre de la commission des opérations étrangères au Sénat américain. Certains commentateurs de la presse nationale se sont interrogés autant sur la simultanéité de ces visites que sur leurs objectifs politiques et diplomatiques. Interrogations logiques, pour ne pas dire honnêtes, dans la mesure où ces voyages de personnalités américaines en Algérie interviennent sur fond d'une guerre annoncée comme inéluctable dans la région du Golfe, et d'une accélération dans le démantèlement des réseaux dits terroristes en Occident et l'arrestation de certains de leurs éléments. Or, nul n'ignore que, depuis le 11 septembre 2001 et les attentats qui ont visé les Etats-Unis, la coopération algéro-américaine dans ce domaine précis de la lutte contre le terrorisme international et la sécurité internationale, est allée crescendo doublée, de surcroît, d'une présence massive de sociétés pétrolières américaines dans le Sahara algérien. Ce rapprochement politico-économique de part et d'autre entre les deux capitales, est bâti, avant tout, sur le réalisme et la défense de l'intérêt national réciproque des deux pays. Faut-il rappeler qu'au début du mois en cours, lorsqu'une certaine presse avait évoqué une «prétendue tension» dans les rapports algéro-américains, l'ambassade US à Alger s'est empressée d'apporter un officiel et cinglant démenti à toutes les supputations d'alors, et de relever au passage «l'excellente» évolution des relations entre Alger et Washington. Aujourd'hui, l'assistant du ministre de la Défense des Etats-Unis, chargé des affaires internationales, Peter Rodman, n'a pas dit autre chose à l'issue de son audience avec le chef de l'Etat algérien. Il a exprimé l'intérêt de son pays à développer ce qu'il a appelé un «nouveau type» de relation avec l'Algérie, en indiquant avec satisfaction que les discussions avec les responsables algériens ont été «franches» et démontrent «la profondeur de l'amitié» entre les deux pays au-delà des relations bilatérales très denses qui les lient. Il est vrai que quelques jours plus tôt, en recevant le sénateur américain, notre chef de la diplomatie, M.Abdelaziz Belkhadem, a indiqué que l'Algérie était le deuxième pays arabe après l'Arabie Saoudite à avoir des échanges importants avec les Etats-Unis, souhaitant que la coopération algéro-américaine ne se limite pas au seul secteur des hydrocarbures. Ce à quoi le sénateur US a répondu qu'«il existe beaucoup d'opportunités à saisir dans le futur afin de fortifier les relations bilatérales dans différents domaines comme l'énergie, les secteurs militaire et sécuritaire». En fait, en ce début de millénaire et de réévaluation de l'ensemble des relations internationales de la planète, les Etats quelles que soient leur puissance et leur influence sur la scène internationale ne comptent que sur eux-mêmes et sur leur pragmatisme pour défendre leurs intérêts nationaux. C'est dans cet esprit qu'il faut donc inclure la nouvelle place de l'Algérie dans le nouveau schéma que les pays occidentaux sont en train de dessiner pour le monde de demain, elle, qui n'a pas seulement à recevoir de cet Occident à la fois puissant et fragile, mais également beaucoup à donner notamment en matière de lutte antiterroriste. Tout le reste n'est désormais que secondaire, car idéologique, dans un monde sans pitié pour les faibles.