Sans surprise, le deuxième mois de l'année 2006 enregistre de nouveaux cas d'emprisonnement de journalistes : deux directeurs de journaux privés mis sous mandat de dépôt au motif d'atteinte aux symboles de l'Islam. Sans préjuger des tenants de ces nouvelles affaires et des suites qui leur seront réservées, force est d'admettre que c'est la liberté de la presse même qui est à chaque fois visée. De même, les arguments “juridiques” pour jeter des journalistes en prison ne sont que des prétextes fallacieux pour désigner à la désapprobation générale des professionnels des médias, présentés, au gré des conjonctures, tantôt comme des délinquants, tantôt comme des blasphémateurs, en somme de dangereux criminels à mettre au ban de la société. La justice et les magistrats, censés être les garants de l'exercice des libertés constitutionnelles, s'en trouvent de nouveau instrumentalisés pour frapper les journalistes devenus la cible toute indiquée d'un régime affolé à l'idée de voir les vrais scandales étalés sur la place publique. Il s'agit, en l'occurrence, pour le pouvoir de tenter une diversion supplémentaire et de créer de nouveaux amalgames. Fidèle à son intime conviction qu'aucun journaliste ne doit être emprisonné pour ses écrits, le Comité Benchicou pour les libertés réitère l'urgence de l'abrogation pure et simple des articles 144 et 144 bis du code pénal, dont la nécessité se fait plus que jamais ressentir. Il attend des autorités publiques qu'elles mettent un terme à la guerre déclarée contre la liberté de la presse et la liberté d'expression qui se traduit par ce harcèlement obsessionnel des journalistes algériens Le Comité Benchicou pour les libertés Alger, le 14 février 2006