Les promesses et autres discours sur la relance sont restés lettre morte enfonçant le secteur dans le marasme. Alors que les autorités locales et ministérielles parlent avec insistance de la relance du secteur de la pêche dans la wilaya de Tizi Ouzou et ce, à travers la réalisation d'importantes infrastructures dans les deux principales villes côtières d'Azeffoun et Tigzirt et l'octroi d'aides matérielles et la formation nécessaire, les pêcheurs continuent de crier, à qui veut bien l'entendre, qu'ils sont toujours marginalisés. Pour les pêcheurs d'Azeffoun et de Tigzirt, “cette relance n'est au fait que de la poudre aux yeux et qu'elle n'existe que dans les médias”. Une virée dans les deux petites villes balnéaires permettra à coup sûr de comprendre combien les problèmes de ces pêcheurs sont nombreux et surtout combien leur désespoir est énorme. Une somme d'un peu plus de 1,2 milliard de dinars est dégagée dans le cadre du plan de relance économique pour la réalisation du nouveau port de Tigzirt dont les travaux tirent à leur fin. Le montant dégagé dans le cadre du même plan pour le port d'Azeffoun dépasse, quant à lui, 1,4 milliard de dinars. Plusieurs projets de réalisation de plages d'échouage sont également inscrits pour cette année 2006. Mais aux yeux des pêcheurs, cela ne pourra rien changer à leur situation. “Ce n'est pas avec des embarcations de 4,80 m, et de surcroît mal équipées, que le secteur de la pêche pourra être relancé”, nous dira un pêcheur rencontré sur la jetée du port d'Azeffoun à l'occasion d'une récente visite du ministre de tutelle. Ayant perdu espoir de parler avec le ministre, après plusieurs vaines tentatives, le pêcheur en question préfère, avec de nombreux autres pêcheurs, se tenir loin de la délégation, venue en inspection. “Notre problème, ils le connaissent depuis longtemps, mais aucune suite ne lui a été réservée”, nous ajoutera-t-il avant d'expliquer : “Nous avons bénéficié il y a quelque temps d'une aide de 30 millions de centimes, octroyée par le ministère de la Solidarité, pour acquérir des embarcations et des moteurs, mais qui reste insignifiante pour nous. Et lorsque le ministère de la Pêche a annoncé qu'une autre aide sera octroyée aux pêcheurs dans le cadre du plan de relance économique lancé par le président Bouteflika, on s'est rapproché de qui de droit mais on nous a signifié que nous ne sommes pas concernés.” Ceux qui ont bénéficié de l'aide du ministère, “ce ne sont pas les pêcheurs, ce sont des gens qui ne sont généralement pas des professionnels mais des gens qui disposent de l'exorbitant apport personnel de 25%, exigé pour accéder à cette aide”, ajoutera-t-il tot en déplorant au passage le fait que la plupart de ceux qui ont bénéficié de cette aide du ministère avaient déjà bénéficié auparavant d'une aide de 340 millions de centimes dans le cadre du programme du Fonds international de développement de l'agriculture (Fida). Les “anomalies” relevées dans l'octroi de ces aides ne constituent pas la seule préoccupation des pêcheurs, notamment ceux d'Azeffoun pour lesquels la distribution des “postes acquis”, c'est-à-dire des petites cabanes construites au niveau du port, pose également problème. “Ceux qui occupent ces postes sont des gens qui viennent d'ailleurs pour la plupart. Il n y a que trois d'entre eux qui sont de la région”, nous révélera l'un des pêcheurs. La pêcherie qui n'arrive toujours pas à fonctionner, la fabrique de glace qui n'est toujours pas mises en marche, les cotisations à la Sécurité sociale jugées trop élevées… sont autant de problèmes qui enfoncent davantage le secteur dans le marasme. Samir LESLOUS