L'activité Internet demeure encore le parent pauvre du secteur des télécommunications en Algérie. Et pour cause, le taux de pénétration de l'Internet est faible soit près de 5,52% comparativement à nos voisins tunisiens et marocains qui dépasse 10%. Le nombre d'internautes est estimé, indique l'autorité de régulation de la poste et des télécommunications, à 1,9 million d'abonnés à fin 2005 contre 1,5 million en 2004. Ce chiffre inclut essentiellement, selon l'ARPT, les internautes qui se connectent à partir de leurs foyers, des cybercafés, les universités, les entreprises et les administrations. Le nombre d'internautes en Tunisie a atteint, selon l'agence tunisienne d'Internet, 953 770 dont 17 573 abonnés ADSL à fin 2005. Le nombre de sites Web est évalué, selon la même source, à 4 028 en 2005. Le Maroc totalise, affirme l'agence nationale de réglementation des télécommunications, 88 163 abonnés à fin 2004. L'autorité de régulation a recensé, également, plus de 195 000 abonnés ADSL ou Internet à haut débit dont 170 000 abonnés pour le provider privé Eepad et 25 000 clients pour Algérie Télécom. Elle a dénombré plus de 85% des clients ADSL qui sont de type résidentiels. L'opérateur Eepad détient 87% du marché de l'ADSL contre 13% pour Algérie Télécom. Il y a, aussi, plus de 5 000 cybercafés à fin 2005. En terme de couverture, l'ARPT a indiqué que “les deux opérateurs Algérie Télécom et l'Eepad avancent de manière continue suivant l'avancement de l'interconnexion en fibre optique d'Algérie Télécom”. Elle a relevé que “l'Eepad est passé d'une couverture de deux wilayas en 2003 à 35 wilayas à fin 2005 et compte couvrir la totalité du territoire national”. L'opérateur public Algérie Télécom propose, déjà, la connexion ADSL dans plus de 7 wilayas dont Alger, Constantine, Oran et Ouargla, note l'ARPT. Elle a précisé, par ailleurs, que “Internet à haut débit est distribué par liaisons câblées et liaisons de type VSAT qui englobe, aujourd'hui, plus de 3 000 liaisons câbles auprès d'Algérie Télécom et plus de 100 clients VSAT chez les opérateurs Orascom Télécom, Algérie Télécom et Divona Algérie”. Les experts de l'ARPT ont souligné que “le taux de pénétration Internet pourra atteindre 40% d'ici 2010 si les nouvelles technologies de l'information et de la communication trouvent l'engouement nécessaire dans le milieu de la population et le terrain favorable à leur développement en Algérie”. Contacté par Liberté, M. Sidi Mohammed Hamzaoui, président de l'association algérienne des fournisseurs de services Internet, a estimé que “l'activité Internet ne pourra atteindre sa vitesse de croisière en l'absence d'une stratégie nationale de développement des nouvelles technologies”, tout en expliquant dans la foulée qu' “il n'y a pas de visibilité claire chez les pouvoirs publics pour la promotion d'une véritable industrie de contenu en Algérie”. Les prix des liaisons spécialisées restent chers, dira-t-il. Le président de l'association des providers algériens plaidera en faveur d'une révision à la baisse de ces prix et la mise en place d'un back bon national IP afin d'assurer un accès sécurisé et fluide au réseau Internet. Abondant dans le même sens, M.Younès Grar P-DG du provider Gecos a déclaré que “l'Etat doit tracer d'abord une politique nationale claire pour le développement d'Internet accompagnée d'une stratégie bien ficelée pour la promotion d'une industrie de contenu”. Il a proposé “la mise en place d'un réseau national IP fiable et sécurisé, qui couvrira l'ensemble du territoire national afin de régler l'accès Internet et la réduction des tarifs de la bande passante internationale et des liaisons spécialisées pour revoir à la baisse le prix de connotative Internet”. Pour M. Grar “l'Etat est tenu d'assurer, aussi, la sécurité du contenu, c'est-à-dire les informations disponibles sur le réseau Internet contre le piratage”. Ceci étant dit, le développement de l'activité est lié, en partie, au taux de pénétration du PC chez les particuliers, soutiendra M. Grar. Ce taux est faible puisqu'il y a uniquement 300 000 PC dans les foyers algériens, martèle-t-il. Même l'opération Ousratic lancée le 22 octobre 2005 n'arrive pas à décoller pour plusieurs raisons dont les lourdeurs bureaucratiques enregistrées au niveau des banques impliquées dans ce projet. L'avenir d'Internet est tributaire principalement, selon certains observateurs, de la mise en place d'une stratégie cohérente pour le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il y a lieu de rappeler que l'ARPT a délivré 108 autorisations pour les providers mais seulement 37 sont entrées en activité. Actuellement, il reste 10 providers en activité alors que les autres ont baissé le rideau. FaIçal Medjahed