Les détaillants (fruits et légumes, friperie et articles divers) du marché hebdomadaire de la ville de Bouira sont à leur deuxième jour de grève illimitée, décrétée dimanche dernier. Cette action de protestation est intervenue suite à la nouvelle tarification du droit de place imposée par le nouveau bailleur du marché. Bailleur qui est entré en exploitation du marché depuis le 1er mars. Selon les commerçants rencontrés, ce droit a été revu à la hausse pour la troisième fois. Elle a été augmentée par l'actuel bailleur, puis par son successeur et, maintenant, par lui-même. Pour les commerçants, si l'adjudication a été revue à la hausse, ça ne justifie nullement cette double tarification qui est passée en deux ans du simple au double (de 50 à 120 DA). Pour Tahar, détaillant en fruits et légumes, “le prix de la place me revient à plus de 50 000 DA/année, qui n'est autre que le prix du loyer d'un local commercial avec toutes les commodités”. Yahia, un ancien commerçant, dira : “ces bailleurs ne cherchent qu'à augmenter le prix sans se soucier de l'état du marché qui est dans une situation lamentable. L'anarchie règne.” Parlant de l'hygiène, il ajoutera que “les conditions sont lamentables. Aucune mesure d'hygiène n'est prise. Des odeurs nauséabondes se dégagent. Nous sommes prêts à nettoyer nous-mêmes le marché et à payer le droit de place à l'APC”. “Je suis, depuis 25 ans, commerçant de fruits et légumes et je n'ai jamais vu un responsable venir s'enquérir de notre situation”, dira-t-il encore. Depuis deux jours, les étalages des fruits et légumes étaient vides et le citoyen trouve d'énormes difficultés à s'approvisionner. Une grande perturbation a été constatée au niveau du marché de gros qui a vu le nombre de sa clientèle baisser. D'ailleurs, de leur côté, ils envisagent une grève à partir d'aujourd'hui afin d'améliorer les conditions de travail. Actuellement, il faut des bottes pour faire le marché. Pour la vente en détail, le prix a naturellement augmenté au niveau des autres quartiers. Le consommateur doit débourser une différence de pas moins de 10 DA pour chaque kilogramme de fruits ou légumes acheté, comparativement à l'ancien prix avant la contestation. Pour le président de l'APC de Bouira, M. Larbi, “le bailleur doit se conformer au cahier des charges. Il n'a en aucun cas le droit d'imposer son diktat”. Samedi dernier, le marché à bestiaux a été lui aussi perturbé par la nouvelle tarification, sachant que l'ancien prix était de 300 DA la tête ovine et de 500 DA la tête bovine. Devant le refus des maquignons d'obtempérer à la nouvelle taxe, l'ancien prix du droit d'accès au marché à bestiaux a été maintenu. Selon nos sources, cette nouvelle augmentation a été dictée par le prix fort mis par le nouveau bailleur (que nous n'avons pu joindre) lors de l'adjudication. En attendant que la situation trouve son épilogue, le simple citoyen fait le tour de la ville pour remplir à moitié son couffin. A. Debbache