La justice a annoncé l'ouverture d'une enquête pour déterminer les circonstances exactes du décès. Le wali d'Alger a, pour sa part, déploré ce regrettable incident et appelé la population “à faire preuve de sérénité”. L'enterrement du jeune Fayçal s'est déroulé hier dans le calme. Le drame survenu avant-hier matin à Zéralda, et qui a coûté la vie au jeune Fayçal enterré hier, a vite fait réagir les autorités qui ont appelé à l'apaisement, surtout après les émeutes et la mise à sac de biens publics. Se voulant rassurante, la direction de la Sûreté nationale a réagi à travers un communiqué qui sent la promesse que l'enquête diligentée par la Police judiciaire d'Alger — précision de taille — “pour déterminer les circonstances exactes du décès de ce citoyen” ira jusqu'au bout. C'est le parquet saisi de l'affaire qui a ordonné l'ouverture d'une enquête. Pour sa part, le wali d'Alger, qui regrette le dramatique incident, n'a pas manqué de dénoncer les manipulateurs qui ont exploité l'affaire pour inciter les jeunes à l'émeute. Il a appelé dans un communiqué rendu public hier, et adressé à l'opinion publique, les citoyens à faire preuve de sérénité et contribuer à l'apaisement. Ainsi, malgré la mise à sac d'une partie de la paisible localité de Zéralda, les autorités ont réagi d'une manière à éviter de mettre le feu aux poudres. Tout en partageant la douleur de la famille du défunt, le wali et la DGSN ont fait preuve d'une sagesse qui dénote évidemment une véritable prise de conscience des risques qu'engendre ce genre d'événements lorsqu'ils ne sont pas pris en charge par les autorités. À l'origine de la majorité des émeutes, il y a des incidents liés à des dépassements, des bavures mal gérées par les autorités. Le cas de Massinissa Guermah, qui a provoqué des évènements dans toute la Kabylie qui ont duré trois ans, illustre cette manière d'agir des autorités à la fois désemparées et privilégiant parfois la force. La réaction des autorités, hier, peut bien être révélatrice d'une nouvelle vision incluant une véritable prise en compte des risques de dérapage. Les multiples émeutes qui ont “jalonné” l'année 2005 et le début de l'année 2006 démontrent, si besoin est, une sorte de disposition de la population à se saisir de n'importe quelle occasion pour exprimer par des actes condamnables son désarroi, son ras-le-bol ou dénoncer simplement la “hogra”. L'absence d'interlocuteurs, le mépris et le recours systématique par certains responsables à la force publique sont des ingrédients et des facteurs de tension qui favorisent l'expression du désordre. Même les régions les plus reculées du pays, réputées paisibles, à l'image de Illizi, Tamanrasset ou Tindouf, ont connu des incidents similaires qui ont été gérés par des face-à-face entre les citoyens déchaînés et des brigades antiémeutes. Le résultat, on le connaît : une méfiance accentuée et un fossé entre l'autorité et le citoyen. Le cas de Zéralda, malgré les incidents de dimanche, semble échapper à cette règle dans la mesure où les autorités ont vite fait de réagir, mais aussi de prendre les décisions nécessaires pour rassurer les parents du décédé tout en garantissant une véritable prise en charge judiciaire de l'affaire. Toutefois, malgré les appels rassurants, les autorités avaient mis du temps à réagir. Pour preuve, leur silence et l'absence d'information le jour de l'incident ont donné l'occasion aux jusqu'au-boutistes pour entraîner les jeunes de la localité dans une manifestation destructrice. Mais le pire a été évité puisqu'on n'a enregistré que des dégâts matériels. Ainsi, la raison et la sagesse semblent cette fois, de la part des autorités, l'emporter sur leur promptitude, pour imposer la loi, à opter en premier lieu pour la force. Une attitude qui a déjà bien entamé la confiance entre l'Etat et le citoyen. Djilali Benyoub