Dubaï a la tête dans les étoiles. La ville la plus célèbre des Emirats arabes unis vient d'inaugurer la plus haute tour du monde par Cheïkh Mohamed Ben Rached Al Maktoum souverain de Dubaï. Il s'agit du plus haut gratte-ciel jamais construit (plus de 800 mètres), six ans après la première pelletée de terre de ce projet pharaonique. Au total, la construction de cette tour a requis 330 000 m3 de ciment, 103 000 m2 de verre et 39 000 tonnes d'acier. La température varie de 8 degrés entre la base et le sommet de cette mégastructure, qui peut être aperçue à 95 kilomètres à la ronde par temps clair. La tour constitue le point central d'un nouveau quartier en développement, Downtown Burj Dubaï, dont le coût total est estimé à 20 milliards de dollars. Le secteur comprend des villas luxueuses, des canaux et le plus grand centre commercial du monde, le Dubaï Mall. Coûte que coûte, les dirigeants du promoteur Emaar Properties, dont l'émirat détient un tiers du capital, se sont efforcés de boucler le projet, évalué à plus d'un milliard d'euros, malgré les déconvenues. Les faillites de plusieurs sous-traitants ont engendré des retards. Il s'agit surtout de faire bonne figure en plein marasme. Burj Dubaï est le symbole de la croissance démesurée, supérieure à 10% par an, que connaissait depuis 2000 ce mini-Etat. Sous la houlette de cheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, la famille royale a notamment attiré pendant cette période les richesses issues de l'or noir de la région pour financer des projets : des îles artificielles, le plus grand aéroport du monde et une piste de ski en plein désert. Les nouveaux projets de construction qui y sont réalisés attirent architectes et ingénieurs. Les secteurs du luxe, du tourisme, de la restauration et de l'hôtellerie sont eux aussi en fort développement. Mais la médaille a aussi son revers : le coût de la vie y est élevé, comparable avec les prix européens pour de nombreux produits, et le coût des logements augmente chaque année de 20%. Dubaï a très tôt mis en place une stratégie de diversification économique audacieuse. Une démarche qui apparaît visionnaire en ces temps de crise internationale. L'émirat est le point d'ancrage de multinationales, de banques, d'importants promoteurs immobiliers, mais possède aussi une densité unique d'infrastructures destinées aux transports maritime et aérien. Mirage et réalité Les effets de la crise financière internationale freinent les prêts bancaires, les prix de l'immobilier ont chuté (de l'ordre de 30 %) et certains projets, parmi les plus ambitieux, sont reportés ou ralentis ; mais les énormes réserves financières de l'émirat devraient permettre à Dubaï d'absorber ce ralentissement. Car bien qu'il ne possède pas la richesse pétrolière d'Abou Dhabi, Dubaï dispose d'un budget et d'une balance courante très largement excédentaires, notamment grâce à un afflux régulier d'investissements étrangers. 80% de la population sont des expatriés. Des étrangers qui signent des contrats pour s'y établir, travailler et s'enrichir. Dubaï, à ce titre, justifie sa réputation. Elle est la ville de toutes les possibilités. Mais la crise est là. L'hôtellerie a pris l'habitude de fonctionner avec un taux d'occupation de plus de 80%. En moyenne, il a été de 84% en 2008. Pour le premier trimestre 2009, les hôtels ont enregistré une baisse considérable. Le taux d'occupation de la destination vacillerait entre 30 et 40% d'occupation. « C'est lors des événements mondains que j'ai remarqué que la crise frappait de plein fouet Dubaï : les endroits les plus connus de la ville sont beaucoup moins pleins qu'avant. La crise est mondiale », a déclaré un habitant lors d'un reportage. Selon un économiste, Dubaï devrait vendre certains de ses avoirs à l'étranger dans l'immobilier pour pouvoir sortir d'affaire, mais ne devrait pas toucher à ses investissements « stratégiques » comme le géant portuaire DP World ou la compagnie Emirates Airlines. Mais Dubaï « ne va pas être rayé de la carte. La ville a une infrastructure unique au Proche-Orient, c'est un centre financier et touristique régional. Le véritable défi est de voir comment elle pourra s'en sortir en diversifiant l'économie », estime un analyste. Fiche technique Début des travaux : 2004 Fin des travaux prévus : fin 2008 Promoteur : Emaar Properties Constructeur : Samsung Estimation du coût de la tour : un milliard de dollars Hauteur possible : environ 700 m Les dix plus hautes tours du monde 1/ Tappei 101, Taiwan, 508 m 2/ CN Tower, Toronto, Canada, 457 m 3/ Petronas Tower, Kuala Lumpur, Malaisie, 452 m 4/ Sears Tower, Chicago, Etats-Unis, 442 m 5/ Jin Mao Tower, Shanghai, Chine, 421 m 6/ Two International Finance Center, Hong Kong, Chine, 415 m 7/ Citic Plaza, Guangzhou, Chine, 391 m 8/ Shun Hing Square, Shenzhen, Chine, 384 m 9/ Empire State Building, New-York, Etats-Unis, 381 m 10/ Central Plaza, Hong-Kong, Chine, 374 m