Tout un mois est réservé aux Aurès. Culture, identité, histoire et, bien sûr, contacts avec les enfants de cette hautaine et authentique région d'Algérie : les Aurès. Après la semaine culturelle amazighe qui s'est déroulée en 2004 à Marseille avec le franc succès qu'on lui connaît grâce notamment à l'association Massinissa, le collectif chaoui Imedghassen semble prendre le relais à Paris, pour installer une véritable tradition et, du même coup, donner de la voix à une région en tête du hit parade en matière d'enclavement. L'association La MaiZon “Paris 17”, qui a bien voulu ouvrir ses portes “au sens propre et figuré” à cette manifestation, ne le regrette point, bien au contraire se félicite et, du coup, mérite remerciements et reconnaissances. L'engouement connu et constaté, dès le premier jour pour cette manifestation, fait dire aux organisateurs que le désir de renouer, parler, discuter, même de très loin, des Aurès, était omniprésent. Il fallait juste, ouvrir une porte, une lucarne, pour que des Algériens de tous bords affluent, comme pour un pèlerinage sacré. Emilie ne connaît des Aurès, pays natal de ses parents, que des bribes d'histoire, et pourtant ! Elle avoue avoir l'impression d'avoir toujours vécu dans ce pays des Chaouis que lui raconte son père. Une photographie de Menaâ, une petite fille de T'kout, les gorges de Ghouffi, l'élégant chanteur de Merouana, Massinissa, une invitation au voyage, par les photographies de R. Hamatou, une musique de fond au timbre unique de l'enfant prodige des Aurès : Amirouche. T'kukt Nedjahi, la fille de la diva Dihya, ne cache pas un sentiment de fierté d'appartenir à cette culture et s'empresse d'ameuter son quartier pour qu'enfin l'on vienne voir l'Aurès, loin du cliché de la danse du ventre, du couscous-merguez, tatouages, tapis, musique, roman, architecture. L'empreinte plurimillénaire est là, les Parisiens sont sous le charme. Le programme riche et varié, en plus de l'exposition de photographies, se prolonge de deux semaines, suite à la demande d'un large public qui, après le vernissage, sublimé par la voix du chanteur Amirouche, demande, exige une soirée chanson, qui sera certainement l'occasion pour qu'enfin, la chanson chaouie soit dite en langue maternelle, et pas vidée — comme c'était le cas — par de prétendus chanteurs et chanteuses chaouis qui, des années durant, n'ont fait que prendre le rythme, le tympo, la mélodie auressienne, sans prononcer un traître mot en chaoui. “Raconte-moi les Aurès” a fait mouche, une modeste exposition de photographies, qui a pris la dimension d'une manifestation sans grands moyens, sauf peut-être vouloir être, refuser la tutelle ; les différents sites sur la toile du web, tant bien que mal, ont donné un prolongement à cette culture. Le temps est à la présence et à la conquête. Et pour mieux marquer la date, une cimaise haute en couleur, où les artistes peintres des Aurès ont donné libre cours à leurs talents, déjà bien confirmés. Le trait du peintre Zekara, l'universalisme de Abdesllem, la créativité d'Adel Abdesmmad…, au bonheur des visiteurs, ont perdu les traces des enfants terribles des Aurès. Un débat aura lieu, le 15 mars, sur la liberté d'expression. Madame Benchicou sera l'invitée d'honneur. De Paris, R. HAMATOU