Dans l'ordre du jour des discussions algéro-sud-coréennes, aucune place n'est réservée aux aspects militaires et stratégiques. Pourtant, Séoul garde une place de choix dans le cœur des militaires algériens pour un épisode encore méconnu des relations entre les deux pays. 1991. L'ANP se prépare à livrer une guerre contre le GIA et les autres organisations terroristes. La lutte antiterroriste est un concept assez vague chez les professionnels de la sécurité, et le MDN ne dispose pas de troupes d'élite dans le domaine. Les contacts entamés avec les partenaires traditionnels pour la formation des cadres antiterroristes et des éléments d'élite de l'armée, les commandos d'intervention, tournent court. Les Russes traversent une crise interne et les Spetsnaz, les commandos russes, n'ont pas encore découvert le terrorisme en Tchétchénie. L'Italie, qui accepte des stagiaires, offre davantage une formation pour les escortes policières, calquées sur les brigades antimafia, qu'une formation militaire et antiterroriste de pointe. Les pays arabes, tels que la Jordanie et l'Egypte, ont des méthodes éculées et n'offrent pas le support technologique de base à une formation de commando antiterroriste. Alors que les éléments des commandos algériens commencent déjà à ratisser les maquis de Lakhdaria, sans formation spécifique à l'antiterrorisme urbain, seule la Corée du Sud accepte de prendre en charge la formation de jeunes officiers d'élite algériens pour les initier aux techniques modernes de combat. Ainsi, rapidement, un groupe d'officiers atterrit à Séoul pour une formation accélérée. C'est le premier contingent de spécialistes de l'antiterrorisme. Quelques mois plus tard, ce sont eux qui débarqueront dans l'immeuble de la rue Charras pour arrêter les deux dirigeants de l'ex-FIS, Abassi Madani et Ali Benhadj, lors d'une opération éclair et sans bavures. Jeans, trainings, pistolets-mitrailleurs et cagoules noires, ce sont les premiers Ninjas. Au fait, les Algériens vont se familiariser avec ce terme qui désigne pêle-mêle les éléments d'intervention de l'armée, de la police et de la Gendarmerie nationale. Mais les seuls Ninjas “homologués” sont ceux des corps d'élite des services secrets. La crème de la crème de l'intervention qui, face à eux, le GIGN français s'apparente à des amateurs. Et pour cause. Ces officiers ont appris en Corée du Sud des techniques sophistiquées et révolutionnaires que seuls les Sud-Coréens dispensent à tous les pays. Même le FBI américain y a envoyé ses troupes antiterroristes pour s' aguerrir. C'est la qualité des commandos d'élite de ce qu'on appelle communément les “Kook Sool” en Corée du Sud, qui a fait leur réputation mondiale. On dit qu'ils sont capables de tuer avec des techniques d'arts martiaux, dont la fameuse “clé coréenne” et ont des résultats remarquables dans l'entraînement pour les tireurs d'élite. La qualité de l'entraînement dans les bases de l'armée sud-coréenne est telle que les spécialistes soulignent qu'un commando sorti de leurs écoles ne peut pas mourir en opération. Surentraînés, les Kook Sool ont formé des militaires algériens dès les premières heures de l'antiterrorisme, ce qu'aucun pays considéré comme “ami” de l'Algérie n'a fait au plus fort de la crise sécuritaire algérienne. C'est le 707 bataillon des missions spéciales qui assure cette formation plus connue sous le sigle de Roka Socom, sous la supervision du NIS (National Intelligence Service). À Séoul, la réputation des “Bérets noirs” a dépassé les frontières. Ils ont assuré avec succès la sécurisation d'événements planétaires comme les Jeux olympiques en 1988 et la Coupe du monde de football en 1992. Confrontés aux troupes spéciales nord-coréennes, les Kook Sool ont fait leurs preuves. À signaler également que la Corée du Sud est le leader mondial de la lutte contre le cyber-terrorisme. M. B.