L'Algérie et la Corée du Sud célèbrent cette année le vingtième anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Qu'avez-vous prévu pour cet événement ? Nous allons marquer l'événement par des activités spéciales sur le plan culturel. Nous avons, en relation avec le ministère des Affaires étrangères, mis en place un programme d'activités culturelles à Séoul. La Korea Arab Society (KAS), qui s'occupe de la promotion des relations culturelles entre la Corée et le monde arabe, a invité, sur proposition de l'Algérie, une troupe artistique algérienne pour animer des spectacles dans l'île touristique de Jéju-Do, dans le Sud. Une autre activité est prévue également dans le cadre du festival Hi Séoul ! organisé par la mairie de la capitale coréenne, en collaboration avec les villes qui sont en jumelage avec elle. Cette année, nous avons sollicité le gouvernement métropolitain de Séoul, à la faveur de la célébration du vingtième anniversaire de l'établissement des relations algéro-coréennes, pour inviter des artistes algériens, même si Alger n'est pas jumelée avec Séoul. Peut être qu'il faut jumeler Alger avec Séoul ! C'est un aspect sur lequel nous travaillons. J'ai discuté avec le maire de Séoul de cette question. Sa participation, cette année, à ce festival sera donc une première étape d'aller vers le jumelage. Cela permettra une présence annuelle d'artistes algériens à Séoul. Cette année, une troupe artistique algérienne a été également invitée. L'ambassade projette d'organiser une autre activité ; il s'agit d'une exposition photos intitulée « Fenêtre sur l'Algérie », pour mieux faire connaître le pays. Souvent, lorsqu'ils parlent de l'Algérie, les Coréens s'imaginent le désert ! Nous voulons rectifier cette vision. La mairie de Séoul nous a donné un espace, sur une place centrale de la ville, pour dix jours durant le mois de mai. Cette exposition sera déclinée en quatre thèmes : diversité des paysages algériens, guerre de Libération nationale, richesse du patrimoine national et réalisations industrielles. Les ministères de la Culture, du Tourisme et des Moudjahidine ont été contactés pour nous envoyer les photos. Les Coréens font souvent le parallèle avec l'Algérie concernant le colonialisme. Les deux peuples ont subi l'occupation. Cela a aidé au développement d'un nationalisme fort identique dû au fait que le colonialisme a tenté de faire perdre l'identité des Coréens et des Algériens. Les mêmes causes ont engendré les mêmes effets. Les Coréens et les Algériens ont ce caractère spécifique d'être des nationalistes qui aiment leur pays et qui sont attachés à leur unité nationale... Coréens et Algériens s'entendent parce qu'ils ont la même mentalité. Les Coréens accordent une grande importance à cette similitude. Où en est la coopération entre les deux pays ? Cette coopération a connu une accélération extraordinaire depuis la signature, en 2006, de la déclaration sur le partenariat stratégique. Il y a eu échange de visites présidentielles. Les présidents Abdelaziz Bouteflika et Lee Myung-bak se sont rencontrés en 2008 au sommet de Pékin. Au plus haut niveau, cette relation est solide. Découlant de ce partenariat stratégique, la coopération économique a évidemment suivi. De 2005 jusqu'en 2009, les échanges ont été multipliés par trois. Les échanges entre les deux pays étaient de 500 millions de dollars en 2005 ; ils ont atteint les 2 milliards de dollars en 2009. C'est un bond significatif. Un autre exemple de la qualité de la coopération et de son évolution rapide est la présence de 26 entreprises coréennes en Algérie, dont les grands groupes tels que LG, Hyundai, Samsung, etc. Lorsque la Corée s'intéresse à un pays, les grandes entreprises sont les premières à y aller. A Alger, la Korea International Cooperation Agency (Koica) a ouvert un bureau. C'est un signal fort de l'intérêt qu'accorde Séoul à la coopération avec l'Algérie. La Koica est une agence gouvernementale qui s'occupe de la coopération et de l'aide aux pays en développement. La relation entre la Corée et l'Algérie est exponentielle. Elle évolue d'année en année. Il y a un fort intérêt de l'Algérie pour le savoir-faire coréen. Comment cela va-t-il se traduire, concrètement, pour assurer un réel transfert de technologie ? Récemment, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, était en visite en Corée. Ce déplacement a eu des résultats concrets. Un mémorandum d'entente a été signé entre les deux pays ; il est accompagné d'un programme dense de coopération dans ce secteur. L'homologue coréen de M. Sellal s'est également déplacé à Alger avec un groupe d'experts en matière de gestion des eaux. Un séminaire de partage des connaissances a été organisé à Alger. L'Algérie s'intéresse au savoir-faire coréen en matière de traitement des eaux usées. A mon sens, la coopération entre l'Algérie et la Corée du Sud doit privilégier le transfert de know-how dans différents domaines. Il est clair que sur le plan international, la Corée du Sud est devenue un partenaire incontournable, notamment au niveau des innovations technologiques. C'est un pays de référence. La qualité des produits coréens est indiscutable. Les Coréens sont favorables au partage des connaissances. C'est une autre vision. Il est de notre devoir d'aller vers eux et que ce partage se fasse dans un esprit gagnant-gagnant. On peut travailler dans l'harmonie sans avoir le poids d'un passé, d'une passion ou d'un complexe.