Certaines officines détiennent des créances de plus de 10 millions de dinars auprès de la caisse d'assurance. Dans un communiqué rendu public hier, le Collectif des pharmaciens d'officine de la wilaya d'Alger (Cophoal), a déclaré la fin du mouvement de protestation entamé dimanche dernier. En effet, après plusieurs mois de protestation contre les “agissements de la Cnas”, accusée d'enregistrer des retards énormes lorsqu'il s'agit de payer aux pharmaciens les factures de médicaments délivrés dans le cadre du tiers payant, le collectif a décidé de ne plus délivrer de médicaments aux malades bénéficiant de ce dispositif. Ce système, qui permet aux malades chroniques de se faire délivrer leurs médicaments sans débourser de l'argent, est considéré par les pharmaciens protestataires comme étant une procédure qui met en péril leur activité eu égard aux lenteurs enregistrées quant au traitement des dossiers au niveau de la Cnas. En optant pour une journée de grève, les pharmaciens ont tenu à lancer un avertissement aux responsables de la caisse d'assurance. “Nous avons observé une seule journée de protestation pour signifier aux responsables de la Cnas que les trésoreries des officines conventionnées sont déficitaires. La situation a empiré depuis le début de l'année, et certaines pharmacies attendent des virements pouvant aller jusqu'à 10 millions de dinars”, déclare le Dr Rezki, président du Cophoal. Bien entendu, le collectif des officines conventionnées regrette le recours à ce moyen de pression et “s'en excuse auprès des assurés pour la gêne passagère occasionnée”. Certes, les responsables du Cophoal se félicitent de la rencontre qu'ils ont eue avec le directeur régional de la Cnas qui a promis une solution rapide, mais tiennent-ils à préciser : “Nous espérons une entrevue avec le premier responsable de la caisse d'assurance pour trouver une solution définitive à tous les problèmes.” Le président du Cophoal estime que les retards enregistrés sont surtout dus “au système bancaire déficient retenu par la Cnas. Le Trésor public n'ayant pu suivre le grand mouvement de virements engendré par le système du tiers payant, les responsables de la Cnas ont fait appel à la BNA dont les structures ne peuvent elles aussi répondre à toutes les opérations bancaires au profit des seules officines conventionnées. Nous réclamons le retour à l'ancienne méthode qui permettait aux chefs des agences Cnas de traiter nos dossiers et de nous remettre des chèques en mains propres”. Pour leur part, les malades chroniques suivent avec angoisse l'évolution de ce conflit entre les pharmaciens et la caisse d'assurance. Dans un autre communiqué daté d'hier et émanant, cette fois, de l'Association d'aide aux hypertendus de la wilaya d'Alger, les rédacteurs du texte demandent aux pharmaciens de “faire preuve de sagesse pour ne pas sanctionner les malades”. Lors d'un entretien téléphonique, le président de l'association des hypertendus, M. Mokhbi Kheir Eddine, a tenu à inviter les pharmaciens pour qu'“ils ne prennent pas les patients en otages, d'autant qu'il s'agit de médicaments. Nous tenons à préciser que nous ne culpabilisons personne, mais nous souhaitons que la voie de la sagesse l'emporte”. Saïd Ibrahim