Le sous-secrétaire d'Etat David Welch, en visite, hier à Alger, a affirmé que les Américains “étudieraient toute demande d'achat d'armement que formulerait le gouvernement algérien”. Le sous-secrétaire d'Etat adjoint américain chargé des Affaires du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, M. C. David Welch, en visite depuis lundi dernier à Alger, a déclaré hier que les Etats-Unis “étudieraient toute demande d'achat d'armement” que formulerait le gouvernement algérien. “Rien de spécifique ne nous a été demandé, et si cela devait arriver, nous serions disposés à étudier la question quant au fond et nous y répondrons au cas par cas”, a encore indiqué le diplomate américain. Or, a-t-il insisté, “rien de précis ne nous a été demandé”. Jusqu'ici, les Etats-Unis et notamment le Congress s'étaient montrés plutôt réticents face aux requêtes algériennes. Autant les Américains se disaient disposés à satisfaire à des commandes d'armes défensives, autant ils rechignaient à approvisionner l'Algérie en armes offensives sophistiquées, fussent-elles destinées, comme Alger ne manquait pas de le préciser, aux forces chargées de la lutte antiterroriste. C'est connu, les Américains ont appris à prendre des précautions lorsqu'il s'agit de pourvoir certains pays en armement “dernier cri”, et ces précautions n'en sont que plus rigoureuses depuis le 11 septembre 2001. M. Welch, qui s'exprimait ainsi lors d'une conférence de presse organisée à l'ambassade des Etats-Unis à Alger, après avoir rencontré le président Bouteflika, le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, et le ministre des Affaires étrangères algérien, Mohamed Bedjaoui, se refusera, en revanche, à tout commentaire sur l'accord fraîchement conclu entre Alger et Moscou et portant sur l'achat par l'Algérie d'armements russes. “Nous n'en avons pas parlé aujourd'hui”, a-t-il dit. “Cela relève des prérogatives discrétionnaires du gouvernement algérien de conclure ce genre de contrats”, a-t-il tenu à rappeler. L'émissaire du département d'Etat reconnaîtra toutefois avoir cherché, durant son séjour à Alger, “à connaître les résultats de la récente visite de M. Poutine pour connaître les positions des uns et des autres et pouvoir comparer”. Lors de son allocution préliminaire, M. Welch a énuméré les dossiers abordés lors des entretiens qu'il a eus avec le chef de l'Etat, le Chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères algériens. Hormis les relations bilatérales qui ont “évolué rapidement” et qui couvrent aujourd'hui “un large éventail” de domaines dans le cadre d'un partenariat “authentique et réel”, des questions internationales ont été évoquées lors de ces discussions. C'est ainsi que “le conflit israélo-palestinien a été examiné notamment à la lumière des résultats des dernières élections législatives palestiniennes”, qui ont permis au mouvement Hamas de siéger au Parlement avec une confortable majorité et qui lui offrent, surtout, la latitude de diriger l'Exécutif. La situation en Irak, la crise du Darfour au Soudan, le Sahara occidental et, enfin, l'évolution de l'affaire du nucléaire iranien ont été également abordés, selon le sous-secrétaire d'Etat. Le nucléaire iranien a fait l'objet d'un échange de points de vue qui a permis au diplomate américain et à ses interlocuteurs algériens de s'accorder sur la nécessité d'éviter “plus de prolifération des armes nucléaires”. C'est pourtant ce dossier qu'il citera comme “exemple” en réponse à une question sur les sujets que Washington et Alger apprécieraient différemment. Où se situerait donc la divergence ? Selon le secrétaire d'Etat américain, la divergence se résumerait à la manière de gérer ce dossier. Alger souhaiterait que la question soit traitée par la voie diplomatique. Mais M. Welch ne dit pas que Washington se refuse à emprunter cette voie. À d'autres de le faire ? Le diplomate américain n'a pas été très éloquent quant à la coopération algéro-américaine dans le domaine de la lutte antiterroriste. Sollicité pour donner son appréciation sur la libération de centaines de terroristes algériens dans le cadre de la mise en œuvre de la Charte sur la réconciliation nationale, il dira qu'“il y a un dialogue entre Algériens, et il appartient aux Algériens d'en décider et je suis conscient qu'il s'agit de décisions souvent difficiles”. Il ne manquera pas de préciser “par prudence” que son pays “n'a eu aucun rôle dans ce domaine”. Saïd Chekri