Changement radical dans la position de Damas, qui a fini par accepter que le chef de l'Etat syrien et son vice-président, Farouk Charaâ, soient auditionnés lors des prochains jours par les membres de la commission d'enquête des Nations unies. Après plusieurs mois d'entêtement, les autorités syriennes ont lâché du lest dans le bras de fer les opposant depuis l'assassinat de l'ancien Chef du gouvernement libanais, Rafic Hariri, le 14 février 2005. En effet, dans son rapport présenté mardi soir aux membres de sécurité de l'ONU, le nouveau chef des inspecteurs onusiens dans cette affaire, le Belge Serge Brammertz, a indiqué qu'il était parvenu à un accord avec la Syrie prévoyant la coopération totale de Damas avec la commission. “Le gouvernement syrien s'est officiellement soumis, en particulier au cours des trois derniers mois, à la quasi-totalité des demandes d'assistance de la Commission”, lit-on dans le document du successeur de l'Allemand Detlev Mehlis. Parmi les principales concessions faites par Damas figure essentiellement l'accord du président syrien d'être entendu ainsi que son vice-président par les enquêteurs de l'ONU. Il s'agit là d'un revirement total de la position de Bachar al-Assad, qui ne voulait point entendre parler de son audition, qu'il considérait comme une question intimement liée à la souveraineté de son pays. Mieux, les autorités syriennes se sont ainsi engagées à interpeller toutes les personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'assassinat de Rafic Hariri, alors qu'elles avaient jusqu'à maintenant refusé de le faire, a affirmé le nouveau patron des enquêteurs onusiens. Selon lui, la Syrie a notamment apporté des réponses à certaines demandes concernant les archives de son renseignement militaire ou l'accès à certains individus. Des dossiers liés à la situation politique et sécuritaire du Liban ont aussi été remis aux enquêteurs des Nations unies. Concernant le degré d'avancée des investigations, la Commission indique avoir progressé dans la reconstitution des circonstances du meurtre et de son mode opératoire, mais ne souhaite pas en dévoiler pour l'instant les détails, pour des raisons de sécurité ou pour ne pas compromettre de futurs développements. Pour rappel, les précédents rapports d'étape de la commission d'enquête, rédigés par le prédécesseur de Serge Brammertz, le magistrat allemand Detlev Mehlis, avaient clairement mis en cause Damas et plusieurs responsables syriens, dont le propre beau-frère de Bachar al-Assad, le général Assaf Shawkat, chef des renseignements militaires. Ceci étant, Serge Brammertz estime que, “en dépit de cette avancée encourageante, il est important de noter que la commission ne jugera au final de la coopération des autorités syriennes qu'en fonction des informations fournies et de la rapidité avec laquelle ses demandes ont été satisfaites”. Ce troisième rapport d'étape sera présenté aujourd'hui en séance plénière du Conseil de sécurité des Nations unies. K. ABDELKAMEL