La dernière réunion du comité technique de la voirie avec les différents concessionnaires du réseau routier, Sonelgaz, Saur, ADE, Algérie Télécom, a eu au moins le mérite de jeter les bases d'une convention à signer prochainement pour mettre un frein à toutes ces routes et ruelles éventrées et laissées, après travaux, dans un état lamentable. Un bricolage qui a usé les nerfs des automobilistes oranais qui assistent, impuissants, à la dégradation du réseau routier depuis quelques années déjà. La commune d'Oran aura ainsi à prendre en charge toutes les opérations de remise en l'état de la chaussée contre la facturation de son implication technique. Les chiffres de la désolation sont éloquents et suffisent à mettre en lumière l'état déplorable des quelque 500 km de voirie que compte la seule ville d'Oran. Selon des estimations, 20% du réseau sont jugés en bon état, 20% moyens et les 60% restants sont qualifiés de dégradés, un euphémisme si l'on juge la qualité du bitume local, qui ressemble plus à un champ de tirs qu'à un réseau routier digne de la deuxième ville d'Algérie. L'état des routes à Oran, au-delà de son aspect purement technique, est en train de déborder sur le quotidien social même du citoyen. Contrariés par la tournure des évènements et l'état déplorable des différents axes routiers, les oranais n'ont plus d'autres alternatives que de maudire les responsables locaux à chaque plongeon de leur quatre roues dans un nid-de-poule ou crevasse qui gangrènent le bitume oranais. Ce qui était censé rester au stade du simple problème technique s'est vu prendre des proportions alarmantes qui ont failli aboutir à l'irréparable lorsque des habitants du quartier des Lauriers Roses, exaspérés par des travaux de réfection de la chaussée qui n'en finissaient plus et qui de surcroît mettaient la vie des leurs en danger, avaient décidé de sortir dans la rue crier leur mécontentement. Cette anecdote de la chronique locale résume à elle seule le malaise grandissant d'une population en butte au sempiternel problème de l'état des routes. Et ce ne sont certainement pas les 14,7 milliards de centimes consentis jusqu'à lors qui vont résoudre le problème. Cette enveloppe ne pourra en aucune manière rénover la totalité du réseau et l'on parle d'à peine 20 à 25 voies, entre routes principales et secondaires, qui seront concernées par cet argent. Pourtant, tout semblait aller au mieux avec l'arrivée de l'ex-wali, Zoukh, qui avait fait sienne la réfection du réseau routier. Les citoyens ont regardé cette initiative d'un bon œil espérant qu'Oran aura, une fois pour toute, le bitume qui lui sied. Mais, avec le temps, le constat est au stade de l'incrédulité. Les nids-de-poule pullulent à chaque coin de rue, les crevasses rivalisent de profondeur et l'asphalte continue à s'effriter au gré des changements climatiques. Aucune artère n'est épargnée et ce ne sont plus les ruelles ou les routes secondaires habituelles qui payent les frais d'une mauvaise prise en charge du problème. Les milliards engloutis dans les différentes opérations de réfection n'ont absolument servi à rien, sinon à faire empirer la situation de par leur échec technique et les désagréments causés au citoyen. Pour nombre de spécialistes, ces interventions pour “boucher les trous” étaient inéluctablement vouées à l'échec, de par même leur raison d'être. Le travail accompli sur le terrain est loin de répondre aux normes admises et restent en l'absence d'un suivi spécialisé dans l'ordre de l'aléatoire. Les résultats auxquels assistent, impuissants, les usagers oranais témoignent de la justesse de telles remarques puisque la durée moyenne des travaux de réfection de la chaussée ne dépassent généralement pas les deux semaines, alors qu'elles doivent égaler les quatre ans, au minimum, dans le cas d'un travail professionnel. Les spécialistes remettent en cause la constitution des matériaux en présence pour un enrobage à froid, qui nécessite une maîtrise parfaite de la technique. Ainsi, l'on parle de la classe des granulats qui théoriquement doivent être de 8-15 ou 15-25 en lieu et place des 0-3 et 3-8, que l'on utilise actuellement en proportions très importantes. On évoque aussi la propreté du granulat et la préparation de l'assise de la chaussée à reprendre. Pour ces spécialistes, la solution à ces nombreux problèmes résiderait dans l'association des entreprises chargées de la rénovation des routes avec des laboratoires de contrôle qui auront à charge d'assister ces dites entreprises dans leur travail. L'absence, également, d'une entreprise spécialisée dans l'entretien des routes fait que la politique de l'urgence, qui consiste à appeler des intervenants non qualifiés pour boucher un trou ou refaire un tronçon de route qui se retrouve sur l'itinéraire d'un officiel, a contribué grandement à la déliquescence des routes oranaises. Reste qu'actuellement et devant les 300 milliards de centimes, première estimation pour la réfection de la totalité du réseau, le salut des automobilistes réside dans l'urgence d'un programme spécial du gouvernement et l'on a appris qu'un dossier relatif au sujet aurait été remis par les élus locaux au ministre de tutelle lors de sa dernière visite à Oran. Saïd OUSSAD