Le café littéraire, dirigé par notre confrère Ahmed Mehaoudi et regroupant les associations culturelles Ahl El Bled et El Tell et l'Ecole locale d'arts populaires, a présenté, jeudi dernier, au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès et avec faste, sa nouvelle production intitulée L'Ultime halqua. Un spectacle fabliau, d'après un montage de paroles populaires conçues par Abbès Lacarne et qui est une sorte de tentative de réhabilitation du patrimoine culturel national en général et régional en particulier. L'Ultime halqua c'est l'histoire d'un goual qui, par sa dernière apparition sur la place publique (tahtaha), invite deux de ses amis gouala comme lui pour animer une halqa exceptionnelle et où le goual est tantôt meddah, troubadour, animateur et tantôt ajajbi et conteur. Pour ce faire, il est repris dans cette “fraja” tous les adages, maximes, airs populaires, chansonnettes et extraits de quacidate de poètes connus dans la région ouest du pays. Ainsi, cette première présentation de L'Ultime halqua a été une occasion pour le nombreux public belabbésien et, notamment, les jeunes de découvrir ce qui fut durant les années post-indépendance les sacrés moments de divertissement qu'animaient les gouala et les cheikhs sur la place publique. En effet, le clou du spectacle a été la réapparition sur la scène du Trsba, après plusieurs décennies, de Abbès Lacarne et qui n'est autre que le nostalgique ancien comédien du Masrah Echaâbi et des Scouts des années soixante. Ce dernier, s'est reconverti, en l'espace de deux heures, en goual et qui évoquera ses souvenirs d'enfance au quartier Graba, de certaines coutumes en pleine place publique avec son ami Hamdane avec qui il jouait à longueur de journée au “Tour de France”, chez Moul Ouadda, Ammi Ben Yahia (café des Chioukh), Ammi Baba, des “frajas” de cheikh Daho, Antar ainsi que ceux qui venaient des quatre coins du pays et notamment du Maroc. Le spectacle a été captivant, il faut bien le signaler, et a séduit l'auditoire qui a exprimé son intérêt par des applaudissements et des youyous qui fusaient de partout. Après une heure de florilège, le spectacle battra son plein à la faveur des rythmes des danses folkloriques allaouis de l'école des arts populaires Ahl El Bled, soutenues par les croisements de cannes et maîtrise remarquable du “kalouz” et de la “ghaïta”, le tout agrémenté de vers de poésie, d'adages populaires et de “tebrrah” de A. Lacarne qui, chaque fois, entre en scène pour faire des louanges à Abderrahmane El Mejdoub et Mostéfa Ben Brahim dont les maximes sont appréciés à leur juste valeur par les Belabbésiens. Le titre du tube tant attendu, Laissez- moi pleurer, mon bonheur il est parti : c'est fini… du défunt cheikh El M'kalech, Abbès Sedjerari l'a réservé pour la fin en l'interprétant magistralement avec son accordéon et qui a provoqué un tonnerre d'applaudissements d'un public avide de divertissements. Ainsi, tout le mérite revient aux sociétaires du café littéraire qui ont présenté ce spectacle sur une scène nue et qui a réconcilié le public avec la tradition de la halqa riche en rythmes, avec beaucoup d'expressions, de danses, de chants et de paroles populaires. A. BOUSMAHA