Plein comme un œuf, le théâtre régional de Sidi Bel Abbès n'avait certainement jamais vécu pareille expérience : les (derniers ?) goualas formant la halqa de Abbas Lacarne devinrent, le temps d'une après-midi, les maîtres incontestés des planches. « L'ultime halqa, c'est l'histoire d'un goual qui, pour sa dernière apparition sur la place publique (Tahtaha), invite deux de ses amis goualas, comme lui, à animer une halqa exeptionelle où le goual est tantôt meddah, troubadour, animateur et tantôt ajajbi et conteur. L'ultime halqa est une tentative de réhabilitation de notre patrimoine culturel », annonçait à son public, jeudi dernier, Abbes Lacarne, entouré de Sedjerari et de Miloud Hassani. La voix quelque peu éteinte, Lacarne alternera chansonnettes, extraits de qacidate de poètes connus, notamment de quatrains de Sidi Abderahmane El Mejdoub et de Benharat, durant plus de deux heures, le tout enveloppé dans un subtil montage de maximes populaires. Dans cette farja (divertissement désopilant), il associera les jeunes danseurs de âlaoui des troupes de Tell et Ahl Bled, dont la prestation ne laissa pas insensible parmi ceux qui nourrissent une certaine nostalgie pour une époque pas si lointaine. « L'ultime halqa c'est aussi la manifestation de certaines coutumes en pleine place publique. C'est aussi les souvenirs de mon enfance à la tahtaha, c'est cheikh Daho, Kabasso, Moul El Ouadda, c'est aussi ammi Ben Yahia (café des chioukh), ammi Baba sans oublier mon ami hamdane », souligne Lacarne qui s'est figé, tout comme le public, lorsque Sedjerari, à l'accordéon, interpréta majestueusement la chanson mythique de feu M'qalech « Khalouni Nebki Ala Rayi ». Moment fort de la halqa. L'ultime halqa ?