Les terminaux de marques Nokia, Sony Ericsson, Motorola, Samsung et LG, en provenance de Dubaï et d'Espagne, sont introduits illégalement à travers les frontières terrestres. Ce courant d'affaires au noir représente 35% du marché du mobile en Algérie. Le marché algérien est inondé, confient des sources concordantes, ces dernières semaines, de téléphones portables de différents modèles comme Samsung, Nokia, Motorola, Sony Ericsson et LG ou portant le label d'opérateurs étrangers tels que l'anglais Vodafone, le marocain Méditel, l'espagnol Amena et l'allemand T-Mobile. Ces téléphones portables sont introduits frauduleusement à travers les frontières terrestres ou importés par voie aérienne essentiellement de Dubaï, d'Espagne, d'Angleterre, d'Allemagne, de Turquie, de Hong-Kong et de Chine par des trabendistes dans des cabas, précisent les mêmes sources. Ces mobiles sont commercialisés, indiquent nos sources, au niveau des grossistes d'El-Harrach pour le centre, du marché de Dubaï (Sétif) pour l'Est, celui de Médina Djedida (Oran) ainsi que le marché de Zouia à Maghnia, à proximité de la bande frontalière algéro-marocaine. Ces importateurs sont bien organisés, car ils achètent généralement ces téléphones portables chez leurs fournisseurs étrangers à des prix très bas, durant les périodes de promotion, explique-t-on. Les portables portant le label d'opérateurs étrangers sont, ajoutent nos sources, des appareils flashés soit ici en Algérie ou à l'étranger avec des logiciels informatiques qui ne sont pas actualisés ou adéquats. Le volume de ces importateurs a augmenté, indique-t-on, ces dernières semaines avec près de 2 000 téléphones portables introduits frauduleusement par jour sur le territoire national. Ce qui représente des dizaines de milliers de téléphones portables importés frauduleusement ces dernières semaines. Ces importateurs ramènent une gamme variée de téléphones portables les plus demandés sur le marché algérien dont les modèles Nokia 1100, 1600 et 1200, Samsung E730, D 500, D 600 ainsi que ceux des firmes LG et Motorola, précise-t-on. Ces portables sont écoulés, ajoutent les mêmes sources, par ces grossistes à des prix deux fois voire trois fois moins chers que ceux des distributeurs officiels activant sur le marché national. Ils sont vendus, dit-on, sans aucune garantie, puisqu'ils sont dans la plupart des cas bloqués ou présentant des dysfonctionnements au niveau notamment de l'écran, du clavier, du réseau et de la carte mère. Donc, ces téléphones portables deviennent inutilisables et ne peuvent aller au-delà de 3 mois. Pis, ces importateurs ne payent aucune charge fiscale ou douanière, puisque “les téléphones portables sont introduits frauduleusement sur le territoire national”, ajoute-t-on. Autrement dit, ils échappent au contrôle de l'administration fiscale et douanière. Là encore, il y a une concurrence déloyale entre importateurs officiels et les importateurs illégaux. Ces importations se sont intensifiées principalement, selon certains observateurs, après la baisse du prix de l'euro sur le marché parallèle de la devise. Certains représentants officiels de grandes firmes internationales spécialisées dans la téléphonie mobile en Algérie ont estimé que “ces portables importés frauduleusement représentent entre 30 et 35% du volume des ventes totales de téléphones portables durant l'année 2005”, soit près de 600 000 mobiles introduits frauduleusement sur le territoire national en 2005 sur un total de 3,2 millions d'unités vendues contre plus de 450 000 téléphones portables importés en 2004. Certains observateurs s'interrogent sur la facilité rencontrée par ces importateurs frauduleux pour introduire ces téléphones portables en toute impunité. Comment peuvent-ils opérer sans être inquiétés par les services de contrôle ? Autant de questions qui taraudent l'esprit du commun des mortels. Or, la prolifération de ces importations frauduleuses se fait, affirme-t-on, au détriment des distributeurs officiels qui ont investi beaucoup d'argent pour faire connaître leurs produits, assurent le service après-vente et payent régulièrement leurs impôts. Autrement dit, ces portables introduits frauduleusement constituent “une moins-value pour les services des douanes et le fisc” dont le manque à gagner est très important. Le marché algérien demeure, concluent certains spécialistes, toujours déstructuré et désorganisé, puisque l'Etat ne joue pas pleinement son rôle de régulateur pour mettre un terme aux pratiques frauduleuses. Et pour cause, il n'y a pas d'organisme spécifique de régulation du marché de la distribution des téléphones portables encore moins d'association de protection des consommateurs. Faïçal Medjahed