Un juge et un greffier ont également fait l'objet de sanctions administratives. Le procureur général adjoint près la cour de Annaba a été suspendu de ses fonctions, la décision officielle de cette suspension a été rendue publique mardi dernier. Un juge et un greffier dépendant de ladite cour ont, quant à eux, fait l'objet de sanctions administratives conservatoires en attendant leur comparution devant une commission interne de discipline. Ces mesures ont été prises à l'encontre des concernés suite à une enquête diligentée par le ministère de la Justice sur le traitement “incohérent” rendu en appel dans le cadre d'une affaire de trafic de drogue dans laquelle sont impliqués quatre individus. Selon des sources proches de la cour de Annaba, l'affaire en question, qui remonte au début de l'année 2002, et qui concerne une saisie de 45 kg de kif traité, n'aurait pas été jugée avec la rigueur exigée par la loi, notamment par l'instance de cassation en octobre 2005 qui s'était prononcée par un acquittement pur et simple du principal inculpé. Plus grave, le dossier des mis en cause aurait mystérieusement disparu du bureau du greffe de la cour, empêchant toute consultation préalable par les magistrats, des différentes étapes de la procédure. On rappelle que ce dernier avait été condamné à une peine de prison de 20 ans en premier lieu par le tribunal correctionnel de Drean, dans la wilaya d'El-Tarf, et qu'il s'était pourvu en appel à deux reprises, au même titre que ses trois co-accusés, lesquels avaient écopé, pour leur part, de 15 années de réclusion. La tournure singulière prise par ce procès à rebondissements, surtout concernant l'insignifiance des jugements prononcés au fur et à mesure du cheminement de l'affaire d'une juridiction à l'autre aurait amené la tutelle à ouvrir l'enquête, affirme-t-on. Certains magistrats près la cour de Annaba et même des autres tribunaux en dépendant n'hésitent plus à parler de corruption. Il en est même qui affirment que des sommes faramineuses sont proposées, par l'intermédiaire de courtiers connus sur la place, lorsqu'il s'agit d'affaires de grandes quantités de drogue. De par sa proximité avec la frontière tunisienne par route, avec le port et l'aéroport, la wilaya de Annaba se prête aux trafics de tous genres et à celui plus lucratif de la drogue. On y enregistre régulièrement d'ailleurs des arrestations et des saisies plus ou moins importantes de kif traité pour la consommation locale et surtout à destination des autres wilayas si ce n'est à destination des pays étrangers. A. ALLIA